Chère lectrice, cher lecteur,
 
Dans le livre « Sérotonine » de Michel Houellebecq, le personnage principal est un homme au bout du rouleau.
 
Dépressif, il ne survit que grâce à un « un petit comprimé blanc, ovale, sécable », le Captorix, qui agit sur la sérotonine, l’hormone dite « du bonheur » :
 
Un antidépresseur « d’une efficacité surprenante, qui ne favorise pas, contrairement aux antidépresseurs de la génération précédente, les tendances au suicide ou à l’automutilation ».
 
Bien sûr, il s’agit d’un roman.
 
Dans la réalité, les antidépresseurs entraînent des effets secondaires effrayants (augmentation du risque de cancer du sein[1], d’AVC, de nausées, vertiges, troubles digestifs, migraines, etc. – voir ma lettre sur le sujet ici).  
 
Mais surtout, malgré l’efficacité remarquable de son « Captorix », l’écrivain Michel Houellebecq reste lucide.
 
Même si la chimie arrivait un jour à produire réellement des antidépresseurs efficaces ET inoffensifs, l’écrivain a conscience que cela ne règlerait en aucun cas le problème de fond.
 
Pourquoi ?  
 
« Parce qu’aucune molécule ne parviendra jamais à nous sauver d’un monde déshumanisé où la logique marchande est reine ».
 
Là, je crois qu’il appuie sur le VRAI problème.

 
Tu veux vivre ? Mais pour quoi ?

 
Car n’en déplaise aux économistes, aux analystes financiers, aux dirigeants obsédés par le chiffre de la croissance, nous ne sommes pas sur cette terre pour seulement produire et consommer.
 
Vendre et acheter.
 
Nous n’avons pas entre nous comme seuls liens ceux du billet de banque que l’on échange, de la dette que l’on fait, ou de la créance que l’on réclame.   
 
Et ce n’est pas un petit comprimé chimique qui peut nous donner la réponse à ce paradoxe brûlant, si bien résumé par Saint-Exupéry : « Ce pourquoi tu es capable de mourir, c’est cela seul dont tu peux Vivre » ?  
 
Aucune pilule ne résout la question du sens de l’existence.
 
Aucune pilule, aucun Captorix réel ou fictif, n’étanche notre soif d’aimer et de vivre.
 
Et c’est lorsque nous perdons pied avec cette réalité que nous risquons de sombrer.
 
C’est pourquoi sauf exception, l’approche naturelle est toujours celle qui doit être privilégiée en cas de dépression. Elle ne se contente pas de traiter le corps, elle lui associe l’esprit et la question du sens.
 
Et je crois qu’elle ouvre en grand le livre des vraies questions.
 

Fascinantes études scientifiques sur le bonheur

 
Aujourd’hui certaines études scientifiques montrent que notre société du toujours plus nous pousse vers les mauvais objectifs de vie[2] : l’argent, le pouvoir, la domination.
 
Ainsi, dans une étude publiée par l’université d’Oxford, la moyenne des adultes en Grande-Bretagne situent leur niveau de bonheur à 62,2 sur une échelle qui va de 0 à 100.
 
Les scientifiques ont remarqué qu’une augmentation de 50 % du revenu financier ne se traduisait que par une augmentation du niveau de satisfaction de… 0,5 points.
 
En revanche, les personnes qui dorment le mieux se situent quinze points au-dessus de celles qui dorment le plus mal !
 
Les personnes qui aiment leur conjoint et qui ont une vie amoureuse épanouie sont en moyenne sept points au-dessus de celles qui sont insatisfaites.
 
En d’autres termes, le sommeil et l’amour sont de très loin les plus puissants facteurs pour être heureux.
 
On parle souvent aujourd’hui de « gratitude », de « bienveillance », ou d’ « altruisme ». A tel point que ces mots ont été récupérés par la publicité qui les sert à tout bout de champ.
 
Mais cela n’enlève pourtant pas les bienfaits immenses et bien réels que ces comportements « tournés vers l’autre » libèrent en nous :

  • Des psychologues anglais ont montré que les personnes à qui ils avaient demandé d’éprouver chaque jour un peu reconnaissance retrouvaient un meilleur sommeil et une tension artérielle abaissée en seulement deux semaines, par rapport à un groupe de contrôle[3] ;

 

  • Des chercheurs de Boston ont constaté que des patients suicidaires à qui ils avaient donné des exercices psychologiques conduisant à ressentir de la gratitude voyaient leur désespoir disparaître dans 90 % des cas[4] !

 

  • D’autres chercheurs irlandais[5] ont montré que les personnes qui devaient noter chaque jour 5 choses dont ils se sentaient reconnaissants voyaient leur niveau de stress et de dépression chuter jusqu’à 27 % au bout de trois semaines.

 

Alternatives efficaces au « Captorix »

 
Face aux défis du futur, au rien que nous promet la société de consommation hyper-connectée, la santé naturelle nous livre son alternative au Captorix.
 
Celle de chercher le bien, à la place du plein.
 
Le juste à la place du plus
 
D’après la psychologue américaine Barbara Fredrickson, le système immunitaire des individus en quête d’un bonheur « eudémonique » (qui passe par la recherche d’un sens à leur vie, d’engagement et de lien avec les autres) est plus développé que celui de ceux qui préfèrent un bonheur hédonique (à la recherche d’une satisfaction personnelle).
 
D’autres chercheurs qui on fait des prélèvements sanguins sur 80 volontaires en bonne santé ont observé qu’en cas d’altruisme, les gènes inflammatoires baissent et les gènes antiviraux augmentent, afin de protéger le corps. 
 
Evidemment, tout ceci est facile à dire…
 
C’est une autre histoire de le mettre en pratique.
 
Alors certains exemples peuvent peut-être nous y aider.
 
Nous avons commencé cette lettre avec le monde un peu déprimant de « Michel ».
 
Je voudrais maintenant vous faire découvrir celui de « Ludo ».
 
L’herboriste Ludo Chardenon.
 
Un homme qui a dédié sa vie entière aux plantes médicinales, les « simples » que sa grand-mère lui apprenait à reconnaître quand il était enfant [6].  
 
Sur la table de leur cuisine, à Savignargues, dans le Gard, elle lui faisait sentir le mélilot tout juste récolté, et aussi l’angélique, la verveine, la bourache, la germandrée, la bardane, la chélidoine, et tant d’autres.
 
Ludo avait cinq ans, et il avait déjà compris que ce n’était pas que des plantes !
 
Mais des personnages extraordinaires, qui, à certaines conditions, feraient don de leur puissance pour soigner les hommes.   
 
Bien plus tard, arrivé à son tour au soir de sa vie, il écrira ces lignes émouvantes :
 
« Nous étions heureux à Savignargues. Mais je me demande, à voir le monde où l’on vit aujourd’hui, si l’expression « être heureux » à encore un sens. »
 
« Et si cette perte de sens ne s’explique pas en partie par l’abandon de la simplicité, par l’abandon des choses simples, simples comme les plantes. »
 
La Nature, que notre monde moderne a si méchamment méprisée, bafouée, abîmée, recèle en elle-même le pouvoir de nous rendre heureux.
 
Bien plus certainement que tous les Captorix.
 
Santé !
 
Gabriel Combris

 

Sources :

[1] https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0018210

[2] http://www.telegraph.co.uk/news/2017/09/19/forget-getting-rich-sex-sleep-real-keys-happiness/

[3] http://hpq.sagepub.com/content/early/2015/02/27/1359105315572455.abstract

[4] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24230461

[5] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25826108

[6] Mémoires et recettes de Ludo Chardenon, Alain Barthélémy & Actes Sud.