Chère lectrice, cher lecteur,

La résistance aux antibiotiques est l’un des défis les plus sérieux que la médecine doit aujourd’hui affronter.

antibioresistance

Une vague de panique s’est même emparée des médias officiels au sujet d’une infection par la bactérie klebsiella pneumoniae. qui se propage actuellement en Europe ET en France. (J’ai publié il y a déjà plusieurs mois une enquête détaillée sur le sujet, vous pouvez la retrouver en cliquant ici). 

Les germes deviennent en effet de plus en plus résistants aux antibiotiques, qui pourraient rapidement devenir inefficaces contre certaines bactéries, et en particulier les plus dangereuses.

La situation est tellement inquiétante que l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a « tiré la sonnette d’alarme », selon l’expression consacrée :

« La résistance aux antibiotiques constitue aujourd’hui l’une des plus graves menaces pesant sur la santé mondiale. Elle peut frapper n’importe qui, à n’importe quel âge, dans n’importe quel pays. »

 
En France, ce problème a été souligné par un rapport officiel du Ministère de la Santé, de 2015 :

« Chaque année, plus de 150 000 patients développent une infection liée à une bactérie multirésistante, et plus de 12 500 personnes en meurent ».

 
Aujourd’hui si vous entrez à l’hôpital, vous avez 7 % de « chances » de contracter une infection grave.
 
Ce chiffre grimpe à 23 % dans les services de réanimation, où de nombreux gestes invasifs sont effectués (intubations, sondes urinaires…).
 
Dans le monde, L’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale) affirme que l’antibiorésistance fait actuellement 700 000 morts et pourrait, en 2050, tuer jusqu’à 10 millions de personnes par an si rien n’est fait[1].

3 morts par…seconde !

 
Le britannique Jim O’Neil, par exemple, mandaté en urgence par le gouvernement britannique pour évaluer concrètement cette menace, a estimé qu’elle pourrait provoquer jusqu’à 3 morts par SECONDE [2].
 
Prenez le temps de compter : un, deux, trois…
 
Ca fait neuf morts. Neuf cercueils. Celui d’un grand-père, d’une jeune mère de famille, d’un petit garçon, de plusieurs hommes d’âge murs ou de jeunes gens qui étaient encore en pleine forme quelques jours plus tôt…
 
En cause, c’est bien sûr l’abus d’antibiotiques délivrées sur ordonnances, mais aussi celles que l’on trouve dans de très nombreux produits de consommation courante : viandes, poissons, eau du robinet, etc.
 
Et le développement de l’antibiorésistance ne serait pas que le seul fait des antibiotiques.
 
Une étude publiée récemment dans la revue Nature[3] montre que certains médicaments courants (antidiabétiques, inhibiteurs de la pompe à protons, anti-inflammatoires non stéroïdiens, anti-arythmiques etc.) perturbent l’équilibre du microbiote en altérant le développement de certaines souches de bactéries.
 
Les chercheurs pensent que la consommation abusive de ces médicaments pourrait contribuer à aggraver le phénomène de la résistance des souches pathogènes aux antibiotiques.
 
Maintenant, il ne s’agit pas seulement de faire le constat du désastre.  
 
Il faut aussi dire autre chose :
 
Il existe AUSSI un fabuleux espoir, et face à l’antibiorésistance, ce sont les médecines naturelles qui sont les VRAIS boucliers de défense efficaces

Pour sauver des millions de vies, c’est LA NATURE qui nous offre aujourd’hui des bouées de sauvetage inestimables !

La première de ces bouées, ce sont les bactériophages, des virus tueurs de bactérie,qui ont comme atout majeur de ne cibler qu’une seule bactérie, contrairement aux antibiotiques qui bombardent indifféremment les bonnes et les mauvaises, causant notamment des ravages à notre flore intestinale.

La phagothérapie [4] se pratique aujourd’hui dans des cliniques parfaitement sûres en Russie, Pologne et surtout Géorgie, où un institut comme Eliava soigne chaque année plusieurs milliers de patients atteints d’infections bactériennes, selon un principe d’action entièrement personnalisé.

Il supplie qu’on l’ampute tellement il a mal ! La Nature va le sauver

 
On recense aujourd’hui environ 6 000 bactériophages. Ils sont présents absolument partout : sur notre peau, dans nos intestins, dans l’eau des lacs et des stations d’épuration…
 
Ils sont dix à cent fois plus nombreux que les bactéries, permettant un champ d’intervention immense ! En association avec d’autres traitements, ils garantissent de bien meilleures chances de guérison, parfois dans des situations « désespérées ».
 
Comme le cas de cette femme, sauvée d’une amputation :

« Après une chute et plusieurs opérations, son pied droit s’infecte. Les antibiotiques sont impuissants, et les médecins ne voient plus qu’une solution : l’amputation. La jeune femme signe une décharge pour expérimenter un traitement interdit en France : la phagothérapie ou l’utilisation de virus pour détruire des bactéries. « Sur la plaie, on versait toutes les 24 heures les phages. C’était juste génial, car au fur à mesure des pansements, je voyais ma plaie se refermer. » [5]

 
Serge Fortuna, 56 ans, a raconté lui aussi comment la phagothérapie lui a sauvé la jambe, alors qu’il avait lui-même écrit une lettre à ses médecins, après des années de souffrance lié à un staphylocoque doré attrapé à 17 ans, pour réclamer l’amputation.

« Avec 39 opérations au total, il n’a pas peur de parler de « succession de mutilations ».  J’avais baissé les bras, j’ai réclamé l’amputation, lettre de motivation à l’appui »[6].

 
Et puis un jour, par hasard, il tombe sur un documentaire à la télévision :

« Sur Arte, l’émission parle de ce docteur Alain Dublanchet, microbiologiste à l’hôpital de Villeneuve-Saint-Georges. On le voit partir en Géorgie chercher des virus bactériophages pour sauver la jambe d’une de ses patientes. »

 
A son tour, Serge Fortuna décide de se rendre en Géorgie, où il débarque avec « juste une adresse et le Guide du Routard » !

« La clinique qu’il a trouvée sur internet n’est pas vraiment engageante. « Je ne savais pas où j’allais, il n’y avait même pas de plaque à l’entrée, mais je n’avais pas le choix ».

 
Deux fois par jour, il absorbe un cocktail de phages en ampoules, tous les deux jours les pansements sont changés et la plaie nettoyée au moyen d’une solution de phages.
 
Tous les deux jours, il est également perfusé à la vitamine C.
 
Chaque semaine, en fonction des analyses, on change de phages. Sa plaie se referme, les douleurs arthrosiques qui le terrassent depuis des années disparaissent. Après 20 jours de traitement, la bactérie a disparu !!!
 
Un groupe de chercheurs a lancé en Suisse, en 2013, l’étude Phagoburn, qui suit 25 malades infectés par deux bactéries courantes : Escherichia coli, et Pseudomonas aeruginosa.
 
Des cocktails de phages ont été présentés à l’Agence Européenne du Médicament qui en a autorisé la commercialisation[7].
 
A l’hôpital de la Croix Rousse-Hospices civils de Lyon (HCL), deux patients atteints de sévères infections ostéo-articulaires ont bénéficié d’un traitement par phages[8].
 
Les bactéries ciblées dans le cas de l’étude lyonnaise sont un Pseudomonas aeruginosa multirésistant chez un patient, et un staphylococcus aureus récidivant chez l’autre.
 
Grâce au traitement par phages, les plaies ont pu cicatriser, alors que tous les autres traitements avaient échoué.
 
Ces guérisons ouvrent la perspective d’une véritable prise en compte de la phagothérapie par le corps médical, mais à l’heure où nous rédigeons ces lignes, le feu vert n’est toujours pas donné en France – pays où, notons-le au passage, la consommation d’antibiotiques est 30 % supérieure à la moyenne européenne[9], ce n’est peut-être pas un hasard…

La valse à trois temps des huiles essentielles

Autre famille d’intérêt dans la lutte anti-infectieuse, les huiles essentielles, qui pourraient avoir les mêmes effets que les antibiotiques, en observant un mécanisme complexe en trois temps :

D’abord, elles traversent les membranes biologiques de la bactérie.

Elles perturbent ensuite son métabolisme cellulaire (diminution du métabolisme énergétique, réduction des échanges d’électrons au niveau des membranes).

Enfin, elles bloquent les fonctions vitales de la bactérie (respiration et équilibre ionique intracellulaire).

Les quatre constituants principaux des huiles essentielles contre les bactéries sont le carvacrol, l’eugénol, le thymol, le cinnamaldéhyde, mais on peut également ajouter des molécules telles que le linalol et le géraniol.

Il est probablement trop tôt pour affirmer que les huiles essentielles peuvent être des alternatives complètes aux antibiotiques, mais ce qui est certain c’est que l’on peut aujourd’hui les utiliser en coopération.

Dans certains cas cliniques, l’huile essentielle est même venue au secours d’antibiotiques qui n’agissaient plus ! L’huile essentielle d’arbre à thé (teneur importante en terpinène 1-ol-4 associé à de l’alpha-terpinéol) a notamment permis d’éviter l’évolution de l’infection à Staphylococcus aureus sur une blessure d’un membre[10].

Contrairement aux antibiotiques, qui n’agissent pas sur les virus, les huiles essentielles sont capables de détruire les virus et de bloquer l’inflammation… ce qui limite le risque de surinfection bactérienne ou fongique !

L’huile essentielle de giroflier, riche en eugénol, est utilisée dans de nombreuses infections et a en plus un pouvoir anti-inflammatoire.

Les huiles d’eucalyptus radié, de niaouli, de ravintsara, de cajeput…riches en 1-8 cinéole, affichent action antivirale, anti-inflammatoire et bactéricide.

La synergie qui fait mal aux bactéries !

En 2007, déjà, des scientifiques de la Manchester Metropolitan University (MMU) ont testé pendant 9 mois l’effet des huiles essentielles dans la prévention des maladies nosocomiales[11].
 
Les résultats ont été au-dessus de leurs attentes :

90% des bactéries d’une pièce ont été tuées grâce à la diffusion dans l’air d’un mélange d’huiles essentielles.

 
Mais le plus incroyable est à venir :
 
Pendant toute la durée du test, il n’y a eu aucun cas d’infection au Staphylocoque Doré. En revanche, à peine les chercheurs ont-ils ont arrêté de diffuser le mélange, la bactérie était de retour !!!

Plus récemment, le biologiste Adnane Remmal s’est vu décerner le prix du public de l’Office Européen des Brevets pour son travail sur les antibiotiques enrichis aux huiles essentielles (origan, thym, romarin).
 
Ses recherches montrent que face aux molécules naturelles contenues dans les huiles essentielles, la bactérie perd son immunité.
 
« Grâce à ce nouveau médicament, on peut traiter un patient qui a un germe résistant ».
 
Là-encore, la nature réussit là où la chimie ne pouvait plus RIEN.
 
La vraie médecine d’élite n’est pas toujours celle qu’on croit…

Santé !
 
Gabriel Combris

 

 

Sources : 

[1] https://www.inserm.fr/thematiques/immunologie-inflammation-infectiologie-et-microbiologie/dossiers-d-information/resistance-aux-antibiotiques

[2] https://www.lemonde.fr/medecine/article/2016/06/06/jim-o-neill-l-antibioresistance-est-la-plus-grande-menace-sanitaire-mondiale_4939197_1650718.html

[3] Lisa Maier, Athanasios Typas et al., Extensive impact of non-antibiotic drugs on human gut bacteria, Nature, 19 mars 2018

[4] https://www.prevention-sante.eu/actus/bacteriophages-virus-guerisseurs-entretien-docteur-riche

[5] https://www.francetvinfo.fr/france/la-phagotherapie-l-alternative-aux-antibiotiques-bientot-autorisee-en-france_1328381.html

[6] https://www.ledauphine.com/vaucluse/2013/02/04/sa-jambe-sauvee-en-georgie-par-des-virus-guerisseurs

[7] https://www.letemps.ch/sciences/2017/02/21/virus-antibacteriens-retour

[8] https://www.reseau-chu.org/article/a-lyon-le-1er-traitement-par-phages-fabrique-en-france/

[9] http://www.ladepeche.fr/article/2014/11/06/1986302-l-agence-du-medicament-sonne-l-alarme-sur-les-antibiotiques.html

[10] Acta Cir Bras. 2015 Jun;30(6):Antimicrobial activity of Melaleuca sp. oil against clinical isolates of antibiotics resistant Staphylococcus aureus.Falci SP1, Teixeira MA2, Chagas PF3, Martinez BB2, Loyola AB2, Ferreira LM4, Veiga DF5.

[11] The effect of essential oils on methicillin-resistant Staphylococcus aureus using a dressing model. Burns, 30 (8). pp. 772-777. ISSN 0305-4179