Le fenouil, avec son air d’adolescent coiffé en brosses, appartient à la catégorie des légumes qui mettent de bonne humeur :

air de ressemblance fenouil

Bref…

La bonne nouvelle est que le fenouil est de retour !

Je dis « de retour » car on se souvient que la grande Hildedarde de Bingen écrivait déjà, au XII ème siècle, son immense admiration pour ce petit légume, ombélifère à l’odeur anisé :

« Le fenouil, disait-elle, contient une chaleur douce et sa nature n’est ni sèche ni froide. De quelque façon qu’on le mange, il rend le coeur joyeux, procure à l’homme une bonne sueur et assure une bonne digestion ».

 Dans notre société « ballonnée de partout », le fenouil est évidemment loué pour ses vertus digestives, et son rôle central dans la célèbre tisane « carminative », qui favorise l’expulsion des gaz et limite leur émission.  

La graine de fenouil y est mélangée à part égale à celles de l’anis vert, de l’aneth, du carvi, du cumin, de la coriandre, et de l’angélique (25 à 30 gramme par plante) : faire chauffer jusqu’à frémissement puis laisser infuser au moins 10 minutes. Boire une tasse après les repas.

De plus, le fenouil stimule la sécrétion biliaire, améliore le travail du foie, et son effet équilibrant sur le système nerveux explique ses vertus antispasmodiques (lutte contre les contractions involontaires des muscles).

C’est ce double effet, à la fois nerveux et digestif, qui permet de remarquablement détendre le ventre et les intestins, surtout en cas de stress, de nervosité ou d’angoisses.

Petit poème en six vers sur le fenouil

A une époque où l’on était à la fois savant ET poète, l’Ecole de médecine de Salerne, la première et plus importante des écoles de médecine fondée en Europe, au IXème siècle1, avait loué les vertus du fenouil dans un sonnet remarquable :

« Le fenouil en nous fait quatre effets différents ;

Il purge l’estomac, il augmente la vue,

De l’urine aisément il procure l’issue. »

« Du fond des intestins, il fait sortir les vents,

Mais sa graine a surtout la vertu singulière

De les pousser…par le derrière »

Je précise aussi que les graines de fenouil s’utilisent aussi pour préparer un « excellent apéritif conseillé en cas d’anémie et de fatigue générale »2.

Faire macérer 60 à 80 g de graines de fenouil pendant huit à dix jours dans un litre de vin (rouge ou blanc) ; filtrer, boie un verre après le repas. 

Voilà pour la face « connue » du fenouil.

Mais des découvertes récentes, que je lis sous la plume du docteur Joseph Mercola, ont montré que notre sympathique légume avait plus de ressources encore qu’on pouvait l’imaginer, en particulier :  

Le fenouil pour prévenir la perte osseuse post-ménopausique, et l’ostéoporose !

Une étude, publiée dans l’International Journal of Molecular Medicine3, a en effet montré que les graines du fenouil ont un effet bénéfique sur la perte de densité minérale osseuse, ainsi que sur la teneur minérale des os.

Il faut se souvenir en effet que nos os sont des tissus vivants, qui se renouvellent en permanence grâce à l’action de deux types de cellules : l’ostéoclaste et l’ostéoblaste.

Une seule lettre les distingue, et pourtant ces cellules ont un travail diamétralement opposé.

Comme dirait l’autre, ce sont un peu les « Dupont et Dupond de l’os »…

Les ostéoclastes (avec un C comme Casser) détruisent le tissu fragilisé et les ostéoblastes (avec un B comme Bâtir) permettent la formation d’os neuf en synthétisant du collagène et en participant à la minéralisation des tissus.

Ce cycle s’appelle le remodelage osseux.

A partir de l’âge de 20-30 ans, la perte osseuse devient plus importante que le renouvellement et l’os s’affaiblit.

Chez la femme, cette tendance s’accélère encore au moment de la ménopause, parallèlement à la chute des hormones féminines. Il y a ostéoporose lorsque l’os, affecté par ce phénomène, se fragilise tellement qu’il devient extrêmement vulnérable aux fractures.

Et le fenouil, dans tout ça ?

Eh bien il semble qu’il agisse en réduisant le fonctionnement des ostéoclastes (les destructeurs), offrant aux os un effet protecteur.

Les chercheurs ont également souligné le potentiel des graines de fenouil dans la prévention de la perte osseuse liée à l’ostéoporose post-ménopausique.

Légumes 1 ostéoporose 0

D’ailleurs, puisque nous abordons le sujet de l’ostéoporose, j’en profite pour redire plus largement que la consommation de légumes est associée depuis de nombreuses années à une bonne teneur minérale des os.

Cette stratégie alimentaire se montre d’ailleurs beaucoup plus efficace pour renforcer la qualité osseuse que la supplémentation en calcium, option que les autorités recommandent depuis des années, malgré des risques sérieux pourtant identifiés (risque d’infarctus, de calculs rénaux, et de glaucome – voir ma lettre détaillée sur le sujet ici)

L’une des raisons pour lesquelles les légumes sont si importants, c’est qu’ils apportent à votre organisme des nutriments qui sont essentiels à la santé osseuse, comme de la vitamine K1 et du potassium.

Comme l’explique le Dr Mercola, « votre corps a besoin de potassium pour maintenir un pH correct de vos fluides corporels, et pour optimiser votre ratio sodium/potassium qui influe également sur votre masse osseuse.

« Si votre alimentation est riche en aliments transformés, il y a de fortes chances pour que votre ratio potassium/sodium soit loin d’être optimal, car les aliments transformés sont connus pour être pauvres en potassium, et riches en sodium ».

« Un ratio sodium/potassium déséquilibré peut contribuer à de nombreuses maladies, notamment à l’ostéoporose ».

Et si votre santé osseuse vous préoccupe, voici quelques autres conseils utiles issus de la recherche en nutrithérapie :

  • De nombreuses études ont confirmé le rôle essentiel du magnésium – surtout lorsqu’il est « potentialisé par la vitamine D »4 – pour la bonne santé osseuse5. Pour mémoire, les noix ou les amandes en sont riches, les légumes verts, certains petits poissons comme les sardines.
  • Dans une étude menée à Harvard sur plus de 70 000 femmes pendant 10 ans, celles qui consommaient peu de vitamine K ont vu leur risque de fracture du col du fémur augmenter par rapport à celles qui en consommaient le plus6.La consommation recommandée est de 120 μg de vitamine K chaque jour, 200 μg après 50 ans pour se mettre totalement à l’abri d’un risque de déficit.

 

  • Le biologiste Leon Schurgers a montré que le natto, un aliment à base de haricots de soja fermentés consommé au Japon depuis plus de 2000 ans, dont le biologiste Leon Schurgers a découvert l’action trois fois plus puissante sur les os que la vitamine K7!

Enfin, et SURTOUT, gardez bien en tête qu’une alimentation adaptée permet de mettre un stop à la fragilisation des os, mais pas de les renforcer.

Ce sont les mouvements que nous faisons au quotidien qui renforcent notre ossature.

Bougez, marchez, sortez le chien pour une grande promenade, binez, bêchez, sarclez, et surtout… plantez du fenouil au jardin (d’avril à juin)8, sur un terrain bien ensoleillé.

Vous le récolterez trois mois plus tard, avec les bénéfices nombreux que nous venons d’évoquer. Auquel vous pouvez ajouter le cataplasme de fenouil, recommandé contre les ecchymoses et l’engorgement des seins9.

Après, pour adopter la « coupe fenouil », comme le petit gars du début de la lettre, c’est vous qui voyez…

Santé ! 

Gabriel Combris 

Sources:

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cole_de_m%C3%A9decine_de_Salerne
  2. Jean Palaiseul, Nos grands-mères savaient, p.145
  3. International Journal of Molecular Medicine June 2012; 29(6):1053-9
  4. La vitamine D, essentielle à la structure osseuse, Thierry Souccar
  5. Magnesium and Osteoporosis: Current State of Knowledge and Future Research Directions, S. Castiglioni et al., NCBI, 2013
  6.  Feskanich D. Vitamin K intake and hip fractures in women : a prospective study. Am J Clin Nutr 1999;69:74-79.
  7. Schurgers et Vermeer, Determination of phylloquinone and menaquinones in food. Effect of food matrix on circulating vitamin K concentrations.2000, pp 298-307.
  8.  Bocalini DS, Serra AJ, dos Santos L, Murad N, Levy RF. Strength training preserves the bone mineral density of postmenopausal women without hormone replacement therapy. J Aging Health. 2009 Jun;21(3):519-27.
  9. Jean Palaiseul, op.cit.