Chère lectrice, cher lecteur,

Ils se mettent le doigt dans l’œil si profondément que ça me fait mal rien que d’y penser.

« Ils » ?

Les experts en « santé du futur », les « Madame Soleil de la médecine » [1].

Ceux qui nous prédisent une santé 3.0 placée sous le signe de la technologie, de l’intelligence artificielle, des robots-soigneurs qui auront quasiment remplacé les médecins.

Il faut voir avec quel ENTHOUSIASME ils ont accueilli l’arrivée des premières cabines de « télémédecine », sorte de « machines à soigner » qui ont été principalement installées dans les régions rurales caractérisées par le manque de médecins, mais aussi aux sièges de grandes entreprises modernes dont les salariés en quête de productivité n’ont pas trois heures à perdre dans une salle d’attente pour soigner un rhume.

Mais voici en image la « Consultation » créée par la société Française H4D :

Une journaliste du site internet 20 minutes a eu l’occasion de tester l’appareil et a publié un récit intéressant de son expérience [2] :

« Un peu déroutant d’abord de rentrer dans cette étroite cabine impersonnelle qui parle”.

“Première étape : sélectionner la langue choisie, français ou anglais. Puis une voix vous demande de glisser votre carte de sécurité sociale et d’accepter les conditions pour mener cette téléconsultation.”

“Rapidement, un médecin, casque aux oreilles apparaît sur l’écran en face de vous tandis qu’une caméra en hauteur vous filme.” 

“ En fonction de vos problèmes, le médecin va vous proposer de tester différents instruments, tous connectés à son ordinateur ».

Il y a des appareils «pour peser, mesurer, calculer l’indice de masse corporelle, prendre la tension, le pouls, connaître le taux d’oxygène dans le sang», mais aussi un stéthoscope, un dermatoscope, un rétinographe, un électrocardiogramme etc.

Le médecin a accès aux différentes prises de mesures réalisées et peut décider d’une consultation « en présentiel » si les résultats l’imposent. (« en présentiel », ça veut dire « en vrai », et pour le toucher rectal, par exemple, c’est sûr que le « présentiel », ça aide…).

Mais la journaliste, elle, se contentera d’un auto-examen du fond de sa gorge :

“Armée d’un abaisse-langue en bois, j’essaie d’introduire la petite lumière tout en découvrant à l’écran mon palais un poil flou”.

Bon, maintenant que nous avons pu admirer cette technologie, il y a quand même une question qui se pose : si cette innovation permet réellement à des personnes qui vivent éloignées d’un médecin, qui ont des difficultés à se déplacer, etc. de faire un contrôle minimum sur certains paramètres de santé…pourquoi pas ?

Mais si vous voulez vraiment vous soigner…je vous conseillerais plutôt de compter sur vous, sur la nécessaire introspection thérapeutique à mener quand on est malade, sur le dialogue avec votre médecin.

Et puis on peut regretter au passage l’époque du médecin qui n’hésitait pas à faire des kilomètres, à arpenter la campagne, pour venir au chevet de celui qui souffre. Lui parler à l’oreille, lui tenir la main, le toucher, recueillir ses confidences !

Regardez avec quelle émotion l’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi évoque la vie de François-Joseph Cazin, médecin mort en 1864, que l’on considère aujourd’hui comme l’ancêtre de la phytothérapie française.

“On pourra lire Cazin comme l’une des plus grandes sommes de médecine végétale, et à cet égard seul, y gagner beaucoup en connaissance. Mais qui fréquente assidûment son « Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes » finira par suivre l’homme partant sous la pluie d’hiver, en calèche, sans examiner si ceux qui le faisaient appeler pourraient ou non le rémunérer ».

Notre médecin connecté restera au sec, c’est sûr, se contentant d’aider son patient à trouver le boîtier pour insérer sa Carte Vitale…

Je me trompe peut-être, mais je ne suis pas sûr que ce soit un grand pas en avant.

Qu’attendez-vous de votre médecin ?

Mais dans le fond, cette histoire de « consultstation » renvoie à une autre question : qu’est-ce qu’on attend de son médecin ?

Aujourd’hui les autorités s’en prennent avec l’homéopathie avec une violence inégalée.

Pourtant, ils seraient inspirés de relire ce que l’inventeur de cette thérapie, l’allemand Samuel Hahnemman, écrivait sur l’écoute médicale ;

« Un artiste de la guérison », comme le décrivait Samuel Hahnemann, inventeur de l’homéopathie. Voici ce qu’il écrivait sur l’écoute médicale :

« Pour percevoir précisément ce qu’il y a à observer chez les malades, on doit diriger toutes ses pensées dans cette direction, pour ainsi dire s’abandonner soi-même, et s’attacher au sujet avec toute son intelligence, pour que rien de ce qui appartient effectivement au sujet et de ce que l’on puisse recueillir par chaque sens en éveil, ne nous échappe. »

« Ici, l’imagination poétique, l’esprit folâtre, et la supposition doivent temporairement se taire, et toute subtilité, ergotage, et volonté d’explication doivent être réprimés. »

L’observateur n’est là que pour comprendre l’apparition et la progression des phénomènes ; son attention seule doit veiller non seulement à ce que rien de présent ne lui échappe, mais aussi que sa perception soit comprise aussi exactement qu’elle est réellement. »

« Cette aptitude à observer n’est jamais complètement innée ; elle doit être acquise par l’exercice, perfectionnée par la purification et la correction des perceptions de nos sens, c’est à dire par une critique sévère de nos vues rapidement comprises des objets extérieurs ; et la froideur en outre nécessaire, le calme et la fermeté du jugement doivent être gardées sous la surveillance d’une défiance constante de notre intelligence ».

« Seul l’observateur soigneux peut devenir un artiste attentif de la guérison. [3] »

Et on voit mal comment un « téléconseiller en médecine », qui clique sur une souris d’ordinateur en
guise de soin, puisse être cet artiste de la guérison.

D’autant qu’une revue d’études récente, effectuée par des chercheurs de Harvard, a montré que l’attitude du médecin avec son patient lors de la consultation avait un impact direct sur sa santé :

« Lorsque le médecin coupe la parole à un malade qui parle de ses symptômes, lorsqu’il garde les yeux rivés sur son ordinateur sans donner l’impression d’écouter, le médecin réduit l’efficacité de sa consultation » [4].

«Des interventions visant à améliorer la communication ont un effet mesurable sur certains marqueurs de l’état de santé, comme la pression artérielle, la perte de poids ou les scores de douleur ».

Eh oui, à notre époque qui espère tant son salut par la technologie, il n’est pas inutile de rappeler que la médecine demeure une discipline fondamentalement…humaine.

Qu’on soigne parfois d’une caresse, d’un regard bienveillant ou simplement en faisant ce que personne d’autre ne fait : prendre le temps d’écouter.

Mon pronostic pour la consultation en 2050  

Maintenant si on doit jouer aux devins, je vais vous dire comment, personnellement, je vois le visage d’une consultation en 2050.

Je pense qu’elle s’inspirera de ce qui se pratique aujourd’hui autour des… médecines énergétiques, de leur façon d’envisager l’être humain dans sa globalité – corps, esprit ET énergie.

Attention, l’énergie, ce n’est pas un mot abstrait, c’est une puissance parfaitement concrète et mesurable.

Prenez les huiles essentielles, par exemple.

Saviez-vous que leur action ne s’explique pas seulement par la seule activité des molécules qui les composent ?

«Leur parfum, explique le Dr Anne-Marie Giraud, dégage des ondes électromagnétiques puissantes et chaque Huile essentielle vibre selon une fréquence électrique particulière mesurée en Mhz (Hertz).

« L’huile essentielle de rose par exemple, vibre à 320 Mhz.

« Or il existe des relations étroites entre la fréquence électrique d’une personne et la santé ; des études ont montré que si la fréquence descend en dessous du seuil de 62 Mhz, le système immunitaire est compromis et les cellules commencent à muter. C’est sur ce principe que reposent toutes les techniques de soins énergétiques »

Des soins qui ne se contentent pas de « traiter » une maladie, mais cherchent à comprendre les causes profondes de nos maux.

Des soins qui nous éclairent aussi sur le sens de notre vie et nous donnent les moyens de nous épanouir.

Nous avons là le contraire d’une médecine du symptôme, du diagnostic et de la posologie.

Le contraire d’une machine à soigner.

Santé !

Gabriel Combris