Chère lectrice, cher lecteur

Je me suis dit que vous seriez intéressé d’apprendre que, parmi les 33 experts de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) qui conseillent de consommer « trois produits laitiers par jour », 26 ont déclaré des liens actuels ou anciens avec l’industrie agroalimentaire…

Sortons la calculette : 26 divisé par 33, cela fait…78 %.

78 % des « experts » censés nous dire quelle est la meilleure alimentation possible sont…corrompus ; ah non, pardon ! Ce n’est pas comme ça qu’on dit, on dit qu’ils « sont en situation de conflit d’intérêt », ça fait plus propre… 

En tout cas cela explique peut-être pourquoi, en France, on se retrouve avec des recommandations de consommation de calcium (« c’est bon pour les os ») qui dépassent le double de celles de l’OMS (environ 500 mg de calcium par jour pour un adulte).

L’agence recommande ainsi aux adolescents de 9 à 18 ans de consommer 1200 à 1300 mg de calcium par jour, aux personnes de 19 à 50 ans une consommation de 900 à 1000 mg par jour, et 1000 à 1200 mg/ jour au-delà de 50 ans.

Pourtant, les dernières synthèses d’études publiées montrent que le calcium de l’alimentation ne réduit pas le risque de fracture.

En 2013, des chercheurs américains de Harvard ont également montré que le calcium en excès diminuait l’absorption des autres minéraux, et notamment le magnésium.

Ainsi, la consommation d’aliments riches en calcium et pauvres en magnésium comme les produits laitiers était associée à un risque augmenté d’infarctus, de calculs rénaux, de maladies dégénératives [1].

Ne grondez pas les savoyardes !

Le rhumatologue Jean-Pierre Poinsignon raconte comment lui-même s’en est rendu compte, grâce à ses…patientes !  

« Au début de mon activité, explique-t-il, j’ai soigné des haute-savoyardes avec des ostéoporoses sévères, et je les grondais en leur disant « madame, vous n’avez pas dû manger beaucoup de produits laitiers »…

« Ces femmes me regardaient avec des yeux exorbités – « mais Docteur, on n’a fait que ça toute notre vie : des tommes de Savoie, du lait des alpages, etc. »

« Et je me disais… qu’est-ce qui ne fonctionne pas ! On dirait que plus on mange de produits laitiers, plus on a d’ostéoporose ! »

« Et cette idée a fait du chemin dans ma tête, j’ai travaillé et retravaillé la question et maintenant j’ai des réponses qui sont claires… Mais elles ne correspondent pas aux intérêts économiques ».

Bingo ! C’est encore une affaire de gros sous. Comme avec nos experts de l’ANSES…

Ils nous prennent pour des veaux !

Et évidemment, ce sont les patients qui paient les pots cassés.

La majorité des Occidentaux, en effet, ne digèrent pas correctement le lactose.

Ce glucide est en effet « coupé en deux » par une enzyme intestinale, la lactase, dont le rôle est de permettre au nouveau-né de digérer le lait maternel.

Or, la production de cette enzyme diminue avec naturellement dès que cette période s’achève, rendant difficile la digestion du lait.

D’autant plus que le lait de vache contient plusieurs hormones bovines (insuline, œstrogène) inadaptées au corps humain, ainsi que des « facteurs de croissance » qui pourraient stimuler les cellules cancéreuses.

Un veau nourri au lait de vache passe de 0 à 200 kilos en 6 mois. Les besoins qui sont les siens pour réussir une telle croissance ne sont absolument pas ceux du petit humain.  

Enfin, la célèbre étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) sur près de 150 000 hommes a montré pour chaque 35 g de produits laitiers consommés par jour en plus, que le risque de cancer de la prostate augmente de 32 %.

Et cela concerne aussi le cancer du sein.

Dans une étude américaine, sur 1893 femmes diagnostiquées à un stade précoce de cancer invasif, celles qui ont consommé une portion par jour et plus de produit laitier entier ont présenté un risque augmenté de mortalité de près de 49 % !

Dans ce contexte, la question de la supplémentation en calcium, souvent conseillée elle aussi, apparaît comme largement injustifiée.

Dans une méta-analyse sur le sujet, avec plus de 30 études et 50 000 patients [2], l’utilisation de suppléments incluant calcium, vitamine D3 ou les deux en même temps, n’a pas permis d’identifier le moindre intérêt de la supplémentation sur le risque de fracture des os, quels que soient la dose, le sexe, l’apport alimentaire en calcium ou la concentration initiale en vitamine D.

Et il y a plus inquiétant.

Les scientifiques ont découvert qu’en consommant trop de calcium, celui-ci finit par se déposer dans l’organisme, entraînant un durcissement des artères et une difficulté d’élimination par les reins.

Avec des conséquences sérieuses :

  • Une étude a montré un risque plus élevé d’infarctus de 86 % chez les personnes supplémentées en calcium [3].
  • Une autre étude portant sur près de 400 000 américains a conclu que ceux qui prennent des comprimés de 1 000 mg de calcium par jour ont un risque accru de 20 % de mourir de maladies cardiovasculaires [4].
  • Des chercheurs ont identifié qu’à partir d’une supplémentation supérieure à 800 mg de calcium par jour, le risque de glaucome était multiplié par 2,5.
  • Enfin une autre étude sur plus de 90 000 femmes de l’équipe de nutrition de Harvard, a montré qu’une supplémentation en calcium – sous forme de compléments – augmentait nettement le risque de calcul rénaux[5].

D’accord, Combris, on a compris : pas de supplémentation en calcium !

Mais pour renforcer ses os alors, on fait comment ?

La bonne stratégie pour renforcer les os…n’est pas celle qu’ils nous conseillent

Déjà, on évite de s’inscrire à la « Journée mondiale de l’ostéoporose », qui se tient désormais les 20 octobre de chaque année.

Le journaliste Thierry Souccar[6] a révélé que cette « innocente » journée d’information était en réalité financée par les laboratoires pharmaceutiques et l’industrie laitière, dont le but est évidemment de promouvoir la consommation de produits laitiers et de médicaments contre l’ostéoporose (bisphosphonates notamment).  

Là encore, une stratégie alimentaire adaptée se montre beaucoup plus efficace pour renforcer la qualité osseuse : réduction des produits acidifiants et sucrés (sel, viande, charcuterie, fromage, pain etc.) consommation accrue d’aliments contenant des minéraux basifiants tels que le calcium, le magnésium, le zinc et le cuivre.

  • Dans une étude sur l’impact de la composition de l’eau sur le risque de fracture, des chercheurs norvégiens ont observé que les habitants des régions de leur pays où l’eau du robinet est riche en calcium n’avaient pas moins de fractures que les autres.

En revanche, ils ont réalisé que les eaux du robinet riches en magnésium étaient associées à un nombre réduit de fractures !

  • D’autres études ont confirmé le rôle essentiel du magnésium – surtout lorsqu’il est « potentialisé par la vitamine D » [7] – pour la bonne santé osseuse [8]. Pour mémoire, les noix ou les amandes en sont riches, les légumes verts, certains petits poissons comme les sardines.
  • Dans une étude menée à Harvard sur plus de 70 000 femmes pendant 10 ans, celles qui consommaient peu de vitamine K ont vu leur risque de fracture du col du fémur augmenter par rapport à celles qui en consommaient le plus [9].

La consommation recommandée est de 120 μg de vitamine K chaque jour, 200 μg après 50 ans pour se mettre totalement à l’abri d’un risque de déficit.

  • Et que dire du fantastique natto, un aliment à base de haricots de soja fermentés consommé au Japon depuis plus de 2000 ans, dont le biologiste Leon Schurgers a découvert l’action trois fois plus puissante sur les os que la vitamine K [10] !

Enfin, et SURTOUT, gardez bien en tête qu’une alimentation adaptée permet de mettre un stop à la fragilisation des os, mais pas de les renforcer.

Ce sont les mouvements que nous faisons au quotidien qui renforcent notre ossature.

Eh oui !

Ce n’est pas ce qu’on vous dira à la « journée de l’ostéoporose », mais l’exercice physique est la thérapie la plus efficace pour stimuler la minéralisation et accélérer la formation osseuse.

Il est donc plus que recommandé de sortir le chien pour une grande promenade, de biner, de bêcher, de monter les escaliers, de les descendre, et surtout de pratiquer régulièrement des exercices qui font le plus possible appel à nos membres, comme la musculation, l’escalade, le vélo ou la course à pied [11].

Santé !

Gabriel Combris

Sources :

[1] Julien Venesson, Paléo Nutrition, Thierry Souccar éditions

[2] Jia-Guo Zhao ; Xian-Tie Zeng ; Jia Wang et al. Association Between Calcium or Vitamin D Supplementation and Fracture Incidence in Community-Dwelling Older AdultsA Systematic Review and Meta-analysis. JAMA. 2017;318(24):2466-2482

[3] J. Bolland, A. Grey, A. Avenell, G. et al. Calcium supplements with or without vitamin D and risk of cardiovascular events: reanalysis of the Women’s Health Initiative limited access dataset and meta-analysis. BMJ, 2011; 342 (apr19 1)

[4] Xiao Q, Murphy RA, Houston DK, et al. Dietary and Supplemental Calcium Intake and Cardiovascular Disease Mortality: The National Institutes of Health-AARP Diet and Health Study. JAMA Intern Med. 2013 Feb 4:1-8

[5] Calcium Supplements May Increase the Risk of Kidney Stone Recurrence. American Society of Nephrology, Kidney Week 2015 November.

[6] Auteur du livre « Le mythe de l’ostéoporose »

[7] La vitamine D, essentielle à la structure osseuse, Thierry Souccar

[8] Magnesium and Osteoporosis: Current State of Knowledge and Future Research Directions, S. Castiglioni et al., NCBI, 2013

[9] Feskanich D. Vitamin K intake and hip fractures in women : a prospective study. Am J Clin Nutr 1999;69:74-79.

[10] Schurgers et Vermeer, Determination of phylloquinone and menaquinones in food. Effect of food matrix on circulating vitamin K concentrations.2000, pp 298-307.

[11] Bocalini DS, Serra AJ, dos Santos L, Murad N, Levy RF. Strength training preserves the bone mineral density of postmenopausal women without hormone replacement therapy. J Aging Health. 2009 Jun;21(3):519-27.