Chère lectrice, cher lecteur,

Le 1er août 2018, la décision de dérembourser les quatre principaux médicaments donnés aux personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer (l’Ebixa, l’Aricept, l’Exelon et le Reminyl), a été prise par la Ministre de la Santé, Madame Agnès Buzyn.

ENFIN !!!

Depuis longtemps, les professionnels de santé soulignaient l’absence totale d’utilité de ces médicaments, alors même que chaque année en France, près de 225 000 nouveaux cas d’Alzheimer sont diagnostiqués.

Cette décision devrait permettre d’importantes économies financières d’une part, mais aussi de s’intéresser à des approches de soin jusqu’alors marginalisées, malgré des résultats souvent très intéressants.

Nous avons déjà évoqué dans une lettre précédente le protocole naturel RECODE du Dr Bredesen, le seul au monde qui a permis d’INVERSER la maladie d’Alzheimer.

Vous en retrouvez tous les détails en cliquant ici.

Mais aujourd’hui je voudrais vous parler d’une autre stratégie contre Alzheimer et les troubles de la mémoire. Une stratégie naturelle, envoûtante et merveilleuse, qui repose sur la puissance magique…des odeurs !

Connaissez-vous les pouvoirs magiques des odeurs ?

Maintenant suivez-moi un instant : nous partons…dans votre nez !

Les neurones qui transportent les messages olfactifs partent de la cavité nasale pour rejoindre le cerveau limbique… sans passer par le cerveau cognitif !

Ce que ça veut dire ? Eh bien que les informations relatives à l’odorat parviennent au cerveau limbique, centre de nos émotions et de notre mémoire à long terme, avant même d’être envoyées à la conscience.

La science a également découvert que les odeurs familières stimulent des zones cérébrales spécifiques, dont l’hippocampe (associée à l’apprentissage), et réveillent des souvenirs anciens qui peuvent remonter jusqu’à l’enfance.

Voilà pourquoi Marcel Proust nous a fait toute une histoire avec sa madeleine, qui le projetait dans l’époque bénie de son enfance. Dans notre cerveau, les odeurs sont associées au contexte émotionnel dans lesquels elles ont été captées.

C’est la raison pour laquelle les huiles essentielles présentent un intérêt majeur : elles agissent notamment via l’acétylcholine, un neuromédiateur impliqué dans la mémoire et l’apprentissage qui intervient aussi dans les fonctions olfactives.

Plusieurs hôpitaux, dont l’assistance publique de Paris, testent en ce moment même l’impact des huiles essentielles sur les troubles du comportement et du sommeil chez des malades d’Alzheimer.

Les huiles essentielles telles que l’HE de lavande fine, l’HE d’oranger doux, l’HE de lavandin super, l’HE de romarin officinal à 1-8 cinéole sont les plus souvent utilisées dans cette approche.

Au CHU de Nice, le Centre Mémoire de Ressources et de Recherche (CMRR) mesure l’impact des huiles essentielles dans l’amélioration du comportement, de la motricité et de la fonction cognitive de patients malades ou à risque.

Avec des résultats très encourageants.

Les travaux de recherche de l’Université de Northumbria (Newcastle, Angleterre) ont eux démontré que l’huile essentielle de Romarin à 1-8 cinéole favorise les fonctions cognitives par diffusion des composés volatils grâce à son activité anticholinestérasique (réduit la cholinestérase, responsable de la dégradation de l‘acétylcholine.) [1]

Au Japon, un protocole mis en place par une équipe de l’Université de Tottori permet de stimuler ou détendre les malades ; cette étude scientifique menées sur 28 personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer a démontré que les huiles essentielles avaient un impact positif sur leurs fonctions cognitives :

« Le matin, entre 9 et 11h, diffusion du mélange stimulant pour renforcer la concentration, la mémoire et soulager la dépression : HE romarin officinal1-8 cinéole (0,08 ml) et HE citronnier (0,04 ml). »

Le soir, entre 19h30 et 21h, diffusion du mélange apaisant pour calmer les patients et favoriser le sommeil : HE lavandin (0,04 ml) et HE oranger doux  (0,04 ml) »

Aucun effet secondaire n’a été observé et les huiles essentielles ont renforcé l’efficacité des traitements [2][3].

Pour la spécialiste Fabienne Millet, docteur en pharmacie, « la diffusion atmosphérique peut être utilisée, même en cas de perte de l’odorat, car il y a toujours un passage dans le sang des huiles essentielles via la muqueuse nasale. »

« En plus de l’impact bienfaisant des odeurs, une diffusion atmosphérique permet de stimuler les fonctions cognitives, de maintenir des points de repère, de calmer l’agitation, de favoriser la concentration, le sommeil ou l’attention. Elle aide le malade mais aussi tous les aidants soumis à un stress important ».

« Il se pourrait même que les huiles essentielles diffusées aient une action sur le renouvellement neuronal, au niveau de l’hippocampe. » [4]

C’est le mode d’utilisation à privilégier : il ne présente aucun danger, il est pratique et efficace, mais d’autres modes d’utilisation (voie cutanée, bain aromatique) peuvent également être utilisés, en complément, en fonction des huiles utilisées.

Retrouver le vertige des odeurs

Le service de rééducation neurologique de l’hôpital Raymond Poincaré de Garches a été le premier, dès 2001, à explorer le pouvoir médical de l’odorat [5].

Au cours d’ateliers « olfactifs », les odeurs familières – comme celles de l’herbe fraîche, de l’amande ou d’un simple crayon taillé…sont utilisées pour aider les patients victimes d’AVC, de traumatismes ou encore de dépression, à récupérer progressivement des sensations perdues.  

L’expérience a été tellement bénéfique qu’une dizaine de services hospitaliers proposent désormais des ateliers olfactifs.

« L’odeur, résume un des patients, c’est la vie. Quand on a plus d’odeur on perd le plaisir de la vie »

Voilà qui fait réfléchir dans notre monde où « pour être accepté, il faut sentir standard » [6], comme l’écrivait l’herboriste Maurice Mésségué.

Mais sentir standard…c’est l’assurance de ne plus rien re-ssentir !

Je crois au contraire qu’il est urgent de respirer, de sniffer, de renifler…de reprendre la pleine conscience de la puissance régénératrice des odeurs.

C’est d’ailleurs ce que disent aussi les études scientifiques.

Dans une parution de la revue Neuron, les chercheurs ont ainsi montré que les odeurs, en particulier les odeurs agréables, stimulent la mémoire [7] :

Ils ont montré à un groupe d’adultes une série d’images, chacune présentée avec une odeur.

Puis, on leur a montré une série d’images, cette fois-ci sans odeurs, et on leur a demandé d’indiquer celles qu’ils avaient vues auparavant.

« Les participants avaient de bien meilleurs souvenirs pour toutes les images couplées d’odeurs. Ces résultats étaient encore meilleurs lorsque les images étaient associées aux odeurs agréables.

« Les scientifiques ont constaté que la principale région du cerveau qui traite les odeurs (le cortex piriforme) devient active lorsque les gens voyaient des objets qu’ils avaient vus initialement avec des odeurs, alors que les odeurs n’étaient plus présentes et que les sujets n’avaient pas essayé de se souvenir d’eux. » [8]

Voilà pourquoi il est si important de réapprendre le vertige des parfums, les vrais parfums, ceux qui troublent et réveillent les sens.

Sentir les fleurs à plein nez, entrer dans leur mystère, respirer les fruits, humer les légumes, la viande (quand on en mange), la terre, retrouver les odeurs qui évoquent pour vous des souvenirs agréables, c’est remettre le sensuel au cœur de la vie.

Odeurs de sucre, de miel, de blé coupé, d’herbe mouillée, odeur pleine et rugueuse du fumier de l’étable, odeur du bouillon d’os qui mijote à la cuisine, odeur du parfum de la jeune femme qui est devenue ma femme…

Je ferme les yeux et pourtant je les vois, je les sens, je les re-ssens.

Ils ont raison les scientifiques : c’est bon pour la mémoire, j’ajouterai que c’est excellent pour le moral !

Santé !

Gabriel Combris

Sources :

[1] Plasma 1,8-cineole correlates with cognitive performance following exposure to rosemary essential oil aroma. Ther Adv Psychopharmacol. 2012 Jun;2(3):103-13. doi: 10.1177/2045125312436573

[2] Int J Neurosci. 2003 Jan;113(1):15-38 Aromas of rosemary and lavender essential oils differentially affect cognition and mood in healthy adults. Revue de Phytothérapie Européenne, Mars-Avril 2013, 6-7

[3] Place de l’aromathérapie dans le traitement de la maladie d’Alzheimer.  2014. Martine jacquier-Garcia Docteur en médecine DU phytothérapie Université Paris XIII

[4] https://revelessence.com/alzheimer-etonnants-pouvoirs-huiles-essentielles/

[5] http://cew.asso.fr/page/ateliers-olfactifs

[6] Maurice Mésségué, Réapprenons à aimer. 

[7] Neuron. 2004 May 27;42(4):687-95. Remembrance of odors past: human olfactory cortex in cross-modal recognition memory. Gottfried JA1, Smith AP, Rugg MD, Dolan RJ.

[8] https://www.explora-sante.com/alzheimer-commence-dans-votre-nez/#sources