Chers lecteurs,

Qu’est-ce qu’on donne aujourd’hui aux élèves des collèges ?

Des tablettes, des Ipad, des écrans :

A la rentrée 2022, par exemple, 18 500 Ipad ont été commandés pour tous les élèves de 6e en Seine Maritime ! 1

Dès 2018, la région Grand-Est a déjà annoncé le passage aux manuels numériques pour 100 % de ses lycéens.

86% des lycées de Provence Alpes Côte d’Azur ont renoncé aux livres papier !!

Je ne vous fais pas la liste détaillée par département, mais la règle est générale : le numérique est la priorité du ministère de l’éducation Nationale.

Quelle erreur, quel manque de bon sens !!!

C’est à peu près la pire chose qu’on peut faire pour nos jeunes.

Non seulement ils écrivent moins, ils lisent moins, mais on les prive du plus essentiel des outils pour apprendre, découvrir, grandir : nos sens.

Toucher un livre, une feuille, un stylo, sentir les pages, donner vie à un objet parce qu’on le prend dans ses mains.

Avec le numérique on retire à nos enfants la précieuse émotion des odeurs, des goûts, la sensation inoubliable du toucher.

Mais plutôt que de leur donner une tablette, on devrait tout faire pour leur mettre les mains et les pieds dans le cambouis ! Apprendre, à réparer, à jardiner, à cultiver. Apprendre à faire pousser, à cuisiner, à préparer.

C’est le premier pas vers la santé et vers la joie simple de se sentir en vie.

A ce sujet, j’avais été impressionné il y a quelques années par ce titre d’un article du Quotidien du Médecin 2 :

« Jardiner fait mieux qu’un cours de sensibilisation ou qu’un logo nutritionnel sur le bien manger ».

Vous avez bien lu.

La médecine la plus officielle souligne la puissance positive de la nature ET de l’implication personnelle sur notre santé.

L’article faisait en effet référence à une expérience « d’agriculture urbaine » conduite par Nicole Darmon, directrice de recherches agronomiques à Marseille.

Son constat : s’occuper soi-même de ses plantes et de son potager entraîne des bouleversements positifs majeurs dans notre mode de vie.

Sans même parler de l’aspect « social et convivial » du jardinage collectif, le contact avec les plantes permet d’augmenter de plus de 70 % la consommation de fruits et de légumes.

C’est d’ailleurs ce qu’ont aussi observé des enseignants américains : à New York, on apprend aux enfants à faire pousser les légumes dans des potagers suspendus.

Plus ils mettent tôt la main dans la terre, plus ils mangent de légumes !

Bien sûr, les jardiniers consomment leur propre production, ce qui est logique, mais ils achètent également une quantité beaucoup plus importante de fruits et légumes dans le commerce.

Il faut tout commencer le plus tôt possible !

Il ne s’agit pas de tout faire, mais de mettre un doigt, un pied, dans cet engrenage vertueux.

La magie du toucher

A cause de la crise sanitaire, de plus en plus de personne ont adopté le réflexe « bas les pattes » et « gestes barrières » ces dernières années …

Résultat, on ne se touche plus. Ou en tout cas beaucoup moins.

Et cela pose un problème, car toucher, masser, caresser, frôler, frotter, c’est vivre, c’est sentir, mais c’est aussi soigner !

Regardez le simple effet d’un massage sur le stress : on a montré qu’une caresse quotidienne et pendant 8 jours chez la souris renforçait son système immunitaire lorsqu’elle était réalisée avec la main et non pas avec une brosse douce 3 !

On sait que les contacts permettent de diminuer le cortisol, hormone du stress. Et quand ils sont prolongés, ils entraînent au contraire la production d’ocytoncine, hormone de l’amour et de la confiance.

A l’université de Caroline du Nord, d’autres chercheurs ont ainsi remarqué que lorsque deux personnes s’asseyaient en se collant l’une à l’autre pendant dix minutes, il en résultait une baisse de leur tension artérielle.

Dans une autre étude, la pratique d’un massage avant une exploration coronaire a montré une large diminution de l’anxiété des patients.

Pas si étonnant tant nous ressentons le besoin vital d’être touché…

Depuis la première seconde de vie…

« Le toucher est le premier des sens à s’épanouir lors du développement du fœtus. Les récepteurs tactiles sont les premiers fonctionnels »

« Le liquide amniotique crée des vibrations qui provoquent une sorte de caresse permanente sur le corps du bébé. Cette stimulation permet déjà d’établir une frontière entre lui et le monde extérieur. » 4

Le toucher a en effet deux fonctions essentielles : d’abord, nous permettre de définir les limites de notre corps, de nous sentir nous-mêmes, et ensuite nous projeter, entrer en communication et agir sur le monde.

Pour la professeure en psychologie et spécialiste du développement de l’enfant Michèle Molina, « on a conscience de qui on est en étant touché. Un enfant qui n’est pas touché peut avoir des retards de développement, voire se laisser mourir — on l’a observé dans les orphelinats après la guerre. C’est donc un besoin vital. »

Dans son livre « Le toucher relationnel au cœur des soins » 5, l’infirmière Carine Blanchon montre à quel point le toucher peut soulager les douleurs les plus lourdes.

Une nuit, une personne opérée d’une hernie discale pleurait et vomissait, tellement des céphalées lui faisaient mal.

Bien que réticente à ma façon de travailler, une collègue m’a demandé de venir voir cette patiente.

Je suis entrée dans sa chambre, je me suis présentée et je lui ai saisi la main. Je lui ai proposé d’écouter ma voix et de faire un exercice de respiration.

Elle a fermé les yeux, m’a écoutée et a commencé à respirer. En même temps, j’ai commencé un massage du cuir chevelu qu’elle avait accepté. Très vite, elle s’est détendue et les nausées ont cessé. Lorsqu’elle a ouvert les yeux, elle était souriante et m’a demandé un massage des pieds, chose qu’elle ne pouvait envisager 20 minutes plus tôt.

…jusqu’à la dernière : nous voulons être touchés

La médecine moderne, malheureusement, donne parfois l’impression de négliger ce temps du toucher.

Par exemple, lorsque les personnes arrivent dans des unités de soins palliatifs après des mois passés dans les services hospitaliers traditionnels, leur corps est souvent si fatigué et si abîmé qu’elles n’étaient touchées que lors de soins programmés (toilette, perfusion, etc).

Pourtant, être touché sans prétexte, sans motif thérapeutique, cela porte une grande valeur pour tout malade.

Sentir dans le contact, voir dans le regard de l’autre que l’on est encore vivant, digne d’être touché, regardé, respecté.

L’infirmière Carine Blanchon va encore plus loin :

« Sans le toucher, la relation de soin ne peut pas exister. Chaque soignant devrait chaque jour s’interroger sur sa façon de toucher l’autre. Ne plus se cacher derrière un acte technique, dépasser le savoir-faire pour le savoir-être. C’est parfois difficile, mais tellement riche. On y gagne en humanité et en sagesse… »

Alors que ceux qui peuvent se toucher en profitent.

Et encore mieux, que ceux qui peuvent s’embrasser…s’embrassent.

Car le baiser aussi renforce l’immunité.

Que ce soit le baiser de la première fois, celui qu’on renouvelle encore et encore, le baiser de la mère pour son enfant, embrasser fait vivre, enflamme, transporte et bien sûr, soigne aussi !

Une étude conduite par une équipe de l’université de Kiel, en Allemagne, a montré que les hommes qui embrassent leur femme le matin avant de partir au travail vivent cinq ans de plus que les autres !

Mon conseil : embrassez-vous. Longuement.

Je ne doute pas que vous vous débrouillez très bien tout seul dans cette affaire, mais si vous voulez en savoir plus sur le baiser sur la bouche, je vous conseille de visiter la page wikipédia page qui lui est consacrée :

Vous y trouverez un nombre impressionnant de variantes de ce qu’il faut bien appeler l’art d’embrasser.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources : 

 

[1] https://etudiant.lefigaro.fr/article/faut-il-renoncer-aux-tablettes-et-aux-ordinateurs-a-l-ecole_31d680d8-fec4-11ed-b331-ce262bc4a6ce/

[2] https://www.lequotidiendumedecin.fr/actualites/article/2017/06/06/jardiner-fait-mieux-quun-cours-de-sensibilisation-ou-quun-logo-nutritionnel-sur-le-bien-manger_848127

[3] Massage-like stroking boosts the immune system in mice. Major B, Rattazzi L, Brod S, Pilipović I, Leposavić G, D’Acquisto F, Sci Rep. 2015 Jun 5;5:10913. doi: 10.1038/srep10913

[4] https://reporterre.net/Le-Covid-nous-fait-perdre-le-sens-du-toucher

[5] https://www.elsevier.com/fr-fr/connect/ifsiinfirmier/le-toucher-une-approche-relationnelle

[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Baiser.