Chère lectrice, cher lecteur,

Vous voyez cette femme nue, peinte par Luma von Flesch-Brunningen en 18991.

femme nue

Eh bien c’est une sorcière, se préparant pour le sabbat, c’est-à-dire une assemblée qui se tient en présence du diable…

Si vous vous intéressez à la phytothérapie, ce tableau vous intéressera pour un petit détail, pas évident à repérer : vous voyez qu’une autre femme, une autre sorcière, la masse avec une pommade qui va lui donner le pouvoir de s’envoler. 

S’envoler ??? Oui…car l’onguent contient, entre autres, une plante qui a le pouvoir de faire s’envoler…l’esprit.

La belladone. Atropa belladona.

Baie

Combinée avec d’autres herbes comme la mandragore ou la jusquiame noire ou, la belladone engendre réellement des hallucinations terribles.

« Voilà d’où les sorcières détenaient leur pouvoir de « voler », ou de « s’entretenir en tête-à-tête avec le diable ». De la belladone, qu’elles utilisaient pour elles-mêmes et pour provoquer des hallucinations de leur public. » 

Aujourd’hui les phytothérapeutes expliquent très bien ce « pouvoir » : les alcaloïdes contenus dans la belladone (en particulier l’atropine) traversent la paroi cutanée, notamment des muqueuses et des aisselles, provoquant ainsi des états seconds avec hallucinations, sensations de lévitation et visions sataniques.

Mais à l’époque, seules les sorcières connaissaient ces « instruments magiques »…

Pourquoi les utilisaient-elles pour faire le mal ?

C’est le mystère des âmes noires, qui choisissent le camp du mal et de la souffrance infligée aux autres. 

Mais on peut aussi faire un AUTRE CHOIX. Et profiter de la face lumineuse de ces mêmes plantes.

Car oui !! ces mêmes plantes SAGEMENT UTILISEES renferment des principes actifs d’une puissance insoupçonnable au bénéfice de notre santé !

On pense bien sûr à l’homéopathie : elle utilise Belladonna avec succès en cas de fièvre subite, de céphalée ou de sécheresse des muqueuses, ou aconit contre l’anxiété et l’hypertension.

On pense aussi aux travaux actuels sur les plantes « psychédéliques », qui ouvrent des perspectives passionnantes dans le traitement des « maux de l’âme » : dépression, anxiété, névroses ou même l’alcoolisme !

La psilocybine, par exemple, une substance que l’on trouve notamment dans lianes de Banisteriopsis caapi, que les chamanes péruviens utilisent pour préparer l’ayahuasca, diminue l’activité de zones cérébrales responsables de l’ornière dans laquelle se trouvent les dépressifs.

La psilocybine active les connexions entre les neurones et augmente la croissance des cellules nerveuses, ce qui permet au patient de créer de nouvelles pensées et émotions et de ne pas « rester bloqué » dans une « répétition négative ».2

Les chercheurs ont également découvert que la psilocybine agit sur les mêmes récepteurs à la sérotonine (un neurotransmetteur qui régule l’humeur) que le Prozac ou les antidépresseurs, mais qu’il suffit seulement de quelques prises (parfois une seule !!) pour obtenir un effet de long terme.

Son potentiel est d’ailleurs tellement important que l’Agence Américaine du médicament lui a accordé le statut de « breakthrough threapie » (thérapie révolutionnaire) pour lui permettre de bénéficier d’un développement clinique accéléré3

Et ce n’est pas la seule plante psychotrope qui intéresse les chercheurs pour son potentiel thérapeutique. Il y a aussi :

  • l’iboga, utilisée dans certaines régions d’Afrique pour modifier l’état de conscience et entrer en contact avec les ancêtres ;
  • le peyotl, un petit cactus sans épine qui contient de la mescaline, molécule psycho-active ;
  • ou encore la sauge divinatoire, plante utilisée par les indiens aztèques à des fins médicales et religieuses.

Toutes nous rappellent qu’il existe UN NOUVEAU MONDE DE POSSIBILITES, grâce à la puissance des plantes médicinales.

Il s’agit d’une autre voie, un chemin plus doux vers l’âge de la sagesse, sans maladie, sans troubles cardiaques, sans la peur du cancer ou de la perte de mémoire.

Et la bonne nouvelle est que chacun d’entre nous, s’il le décide, peut décider d’emprunter ce chemin. J’allais dire « ce balai… »…mais qui croit aux sorcières ? Vous, peut-être ? …

Gabriel Combris

 

Sources : 

1. https://leseditionsdufaune.com/2015/04/23/en-route-pour-le-sabbat-des-sorcieres-3-addendum/

2. Olivier Chambon, Interview à Plantes & Bien-Etre, Septembre 2015.

3. https://www.heidi.news/articles/vers-une-production-a-grande-echelle-de-psilocybine-la-substance-a ctive-des-champignons-hallucinogenes