Curieux point commun entre un président russe et un coiffeur niçois

Chère lectrice, cher lecteur

En parcourant les informations ces derniers jours, on a un peu l’impression de vivre sur une planète de fous :

  • A Nice, par exemple, le coiffeur Eric Zemmour, homonyme du journaliste-candidat, a vu son salon vandalisé par des furibards qui pensaient s’en prendre au candidat… A tel point qu’il a dû se montrer dans les médias pour faire cesser la confusion !
  • A Paris et à Toulouse, les restaurants « La maison de la poutine», qui proposent de découvrir la poutine, un plat québécois à base de frites et de fromage, reçoivent des rafales d’appels injurieux et de menaces venant de personnes qui confondent la spécialité culinaire avec un certain président russe…

Dit autrement, en ce moment, ça débloque à pleins tubes…

Après le covid, on s’écharpe sur la guerre en Ukraine ou la bataille pour la présidentielle, via des réseaux sociaux qui amplifient les colères.

Elles sont en chacun de nous comme un nénuphar intérieur.

Et le nénuphar grandit, grandit, jusqu’à prendre toute la place. Jusqu’à étouffer le reste.

Le vacarme est partout. Envahissant. Nourrissant les émotions négatives, mobilisant nos énergies sur des problèmes stériles, affaiblissant nos organismes.

Alors plus que jamais, je crois que nous avons besoin prendre le large.

Ce n’est pas forcément fuir, aller loin.

Prendre le large, c’est parfois se recentrer sur ce que nous sommes, là, maintenant.

Cela veut dire, l’espace d’un moment :

  • Ecouter son cœur battre,
  • Sentir sa respiration,
  • Sentir ses membres, ce qu’ils font
  • Regarder vraiment ce qu’il y a autour de soi,
  • Ecouter les sons, les détailler

Les études ont montré que ces petits décrochages, qui ne durent que quelques minutes, nous familiarisent avec notre monde intérieur et diminuent le risque de dépression ou d’anxiété.

Ils nous apaisent.

Et si nous voulons aller plus en profondeur, il nous faut essayer d’avoir plus généralement, un autre regard…sur nos émotions.

C’est comme le sang !

Car même si on parle un peu plus, la médecine occidentale continue de regarder les émotions avec distance, comme elle disait : « mais ce n’est pas scientifique, les émotions ! ».

La médecine chinoise, elle, propose une approche radicalement différente.

Elle considère les émotions comme faisant partie intégrante de notre physiologie.

Certaines sont comme des substances produites par le corps, au même titre que le sang par exemple.

Les émotions participent à notre adaptation au monde, à notre équilibre intérieur (corps-esprit) :

  • La joie (xǐ) est produite par le cœur. C’est l’émotion de la santé, de la bonne humeur, de la détente. Elle favorise la circulation du qì (énergie vital) et du sang, détend l’esprit et favorise la paix intérieure si nécessaire à l’activité de l’esprit, de l’énergie et du jīng (principe vital).
  • La colère (nù) est produite par le foie. C’est une réaction naturelle de défense contre un danger ou une menace. Si celle-ci servit à nos ancêtres pour échapper aux hostilités de leur environnement, aujourd’hui elle est à l’origine de toute compétitivité et permet de nous extérioriser.
  • La tristesse (bēi) est produite par le poumon. Elle souligne notre attachement à un être, à une chose, à un état ou un sentiment perdu ou passé. La médecine chinoise la voit parfois comme une nécessité.
  • La peur (kǒng) est produite par les reins. C’est une émotion indispensable pour le maintien de la vie, qui agit comme un signal d’alarme face à un danger.

Ce n’est que lorsqu’elles débordent, qu’elles deviennent excessives, répétées, qu’elles s’accumulent, que les émotions sont source de maladies parfois graves (dépression, cancer, diabète, troubles de la libido, du sommeil etc.)

La science confirme aujourd’hui ce que les traités de médecine chinoise affirment depuis 2500 ans.

Des scientifiques ont ainsi observé des patients qui disaient avoir souvent peur.

Ils ont remarqué que le cerveau et les glandes surrénales de ces patients produisaient des substances chimiques, l’adrénaline et la noradrénaline, en quantité anormale.

Ils ont également retrouvé des concentrations anormales de ces substances dans les plaquettes sanguines, ce qui veut dire que les cellules sanguines de ces patients étaient aussi marquées par la peur1.

Voilà pourquoi on peut dire que lorsque les émotions qui circulent en nous sont « contaminées », il est logique qu’elles affectent directement notre santé.

Ainsi, des chercheurs américains ont montré qu’un tempérament colérique et des accès de colère augmentaient le risque de crise cardiaque ou d’AVC2.

Et une autre étude australienne a confirmé que la crise cardiaque peut être déclenchée par un accès de colère intense. Une grosse colère multiplie par 8,5 le risque de crise cardiaque dans les deux heures qui suivent3 !!

Faites cet exercice de ré-équilibrage émotionnel

Lorsque se dressent des obstacles ou des barrières émotionnelles, la médecine chinoise offre alors de nombreuses techniques pour retrouver la paix intérieure, comme la phytothérapie, l’acupuncture ou la gymnastique ré-équilibrante (Qi gong)

Je vous ai déjà proposé ce petit exercice qui peut se pratiquer couché (sur le dos), assis ou debout. Vous pouvez le refaire, c’est un calmant très efficace !

  • Massez votre plexus solaire en faisant une trentaine de cercles en maintenant une légère pression. Petit à petit vous pouvez aller de plus en plus profondément dans votre corps sans pression excessive.
  • Enchaînez avec des respirations abdominales. Inspiration lente, tranquille, vous gonflez l’abdomen. Puis vous videz l’abdomen. Cette respiration se fait lentement et uniquement par le nez. On n’utilise pas la bouche. Faites ces respirations pendant 3 minutes au moins. Essayez dans le même temps de vous visualisez vous-même, souriant, détendu.
  • Puis frottez énergétiquement avec le plat des mains les deux côtés de votre thorax simultanément, sous l’aisselle, jusqu’à provoquer un léger réchauffement de la zone. Ensuite tapotez avec les poings fermés cette même zone durant 1 à 2 minutes.
  • Inspirez profondément en visualisant de l’air vert bleu qui entre dans votre foie et expirez en prononçant le son « Shuuuuuu ». Il s’agit d’un son « nettoyant », qui relance la circulation de son énergie du foie et favorise son bon fonctionnement. Vous pouvez pratiquer cette étape 3 à 5 minutes.

Et pour ceux qui voudraient aussi des solutions plus « classiques » pour tempérer leurs émotions, voici quelques pistes :

Huiles essentielles

Certaines huiles essentielles bien sélectionnées peuvent jouer un rôle calmant.

En cas de montée brusque de colère : masser 1 goutte d’huile essentielle de lavande vraie, diluée dans un peu d’huile végétale, par exemple de l’huile d’amande douce au niveau de la face inférieure du poignet.

S’il s’agit d’une colère sourde, en lien avec une sensation de frustration et de vengeance : masser 1 goutte d’huile essentielle de Camomille noble dans le dos de la main entre le pouce et l’index.

A l’hôpital de Poitiers, par exemple, une aromathérapeute passe le matin dans les chambres des malades pour leur proposer des huiles essentielles pendant leurs traitements de chimiothérapie.

Elle leur suggère l’huile essentielle de marjolaine en cas de la colère face à la maladie.

Fleurs de Bach

Je précise que l’utilisation des fleurs de Bach ne repose sur aucune validation scientifique mais sur l’expérience d’un médecin anglais, le Dr Edward Bach.

Celui-ci a établi une liste de 38 fleurs et plantes capables selon lui de traiter les émotions et les sentiments qui perturbent notre équilibre intérieur.

Parmi elles, Holly (houx) est indiquée en cas de colère extériorisée (on hurle, on frappe du poing sur la table) tandis que Willow (saule) est plus adaptée aux colères rentrées (ruminations, pensées obsessionnelles).

  • Contre la montée ponctuelle de colère : 4 gouttes de Holly sous la langue. Recommencez 15 minutes plus tard tant que le besoin s’en fait sentir.
  • En cas de ruminations : 2 gouttes de Willow diluées dans un verre d’eau à boire par petites gorgées, 4 fois par jour, en cure d’environ trois semaines.

Personnellement, j’avoue que j’ai été moyennement convaincu lorsque j’ai essayé les Fleurs de Bach, mais d’autres personnes ont témoigné d’une utilité réelle pour elles.

Leur utilisation est absolument sans effet secondaire, vous pouvez essayer pour vous-même sans le moindre risque. N’hésitez surout pas à me dire ce que vous en avez pensé.

Et aussi

En traitement homéopathique de fond : Nux vomica 15 CH, 5 granules par jour, à laisser fondre sous la langue, en cure de 3 mois.

Du côté des plantes : la valériane diminue la nervosité et l’irritabilité et permet de lutter contre les troubles du sommeil. Pour une tasse de tisane : laisser infuser pendant 10 minutes 1 cuillère à café (3 g environ) de racines de valériane dans 150 ml d’eau bouillante. Boire 3 à 5 tasses par jour.

Stratégie plus personnelle

Enfin, je termine avec cette conviction un peu plus personnelle.

Je crois que la beauté, la vraie beauté, celle qui pénètre au fond de votre âme, de votre cœur, est un soutien inestimable lorsque le vent de la colère abîme notre paysage intérieur.

Et cette beauté ne tombe pas toujours du ciel.

Il faut cultiver l’esprit de curiosité qui permet de la trouver.

Et puis vous pouvez simplement aller respirer les embruns, lire un poème, plonger vos yeux dans le regard sans fond d’un petit bébé, vous pouvez marcher devant vous, courir aussi vite que vous le pouvez, lever les bras vers le ciel, et ressentir la plénitude et le bonheur d’être là, bien vivant !

Et même dans un monde qui perd la boule, la beauté offre la piste pour la retrouver.

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources :

[1] Deepake Choprah, Le corps Quantique.

[2]European Heart Journal, 3 mars 2014

[3] Acute Cardiovascular Care, 23 février 23 2015