Là, ça devient carrément chaud
(love story dans les bois !)

 

Chère lectrice, cher lecteur,

Dans le livre de l’écrivain Michel Houellebecq, Anéantir, l’économie a supplanté toutes les valeurs.

Mais à quoi bon ?

« À quoi bon installer la 5G si l’on n’arrive plus à rentrer en contact, à accomplir les gestes essentiels, ceux qui permettent à l’espèce humaine de se reproduire, ceux qui permettent aussi, parfois, d’être heureux ? »

Et la conclusion pour l’auteur est que chaque individu ferait mieux de se réconcilier avec son corps avant qu’il ne soit trop tard.

Surtout lorsque le corps devient messager…d’amour.

L’amour…Ce continent sans frontière qu’une vie entière ne se lasse pas d’explorer.

Regardez comme ce seul mot « amour » désigne des réalités très différentes, que les grecs peignaient de nuances subtiles :

Au commencement se trouve le porneia (l’amour-appétit, l’amour qui mange, celui du bébé pour sa mère), puis vient l’éros (amour érotique), qui met de l’intelligence dans la pulsion et éveille déjà l’amour des âmes.

Il y aussi la philia (l’amour amitié), l’eunoia (amour dévouement – « j’aime prendre soin de toi ») et bien sûr l’agapé, l’amour gratuit, celui qui emmène le plus haut, le plus loin qu’il soit possible d’aimer.

L’amour s’apprend, l’amour se travaille, l’amour se cultive.

L’amour, même, se décide. C’est un feu qu’on allume volontairement, et dont il faut toujours entretenir la flamme.

Et puisque nous abordons ce sujet, signalons qu’il y a dans la nature d’innombrables trésors naturels à utiliser sans risque d’effets secondaires, pour relancer la flamme amoureuse lorsqu’elle vacille.

Avant de sortir en balade, vérifiez ceci

Avant toute chose, il faut vérifier si la perte de désir ne trouve pas son explication …dans l’armoire à pharmacie.

Certains médicaments (antidépresseurs, statines, bêtabloquants, alphabloquants, traitements antihormonaux, pilule chez les femmes) sont en effet reconnus comme désastreux sur la libido.

Une étude américaine (1) de l’Université de Harvard sur le sujet a montré qu’un quart (25 %) des troubles de l’érection étaient la conséquence d’une prise médicamenteuse !

Autre facteur méconnu de trouble du désir : le manque de lumière.

Récemment, des chercheurs ont révélé les résultats étonnants sur le lien entre l’absence de lumière et la diminution de l’excitation sexuelle (2).

Dans leur étude, la moitié des participants a ainsi bénéficié pendant deux semaines d’une exposition à une lampe fluorescente mimant la lumière naturelle (intensité de 10 000 lux, équipée d’un filtre UV et située à 1 mètre des yeux) le matin au réveil pendant 30 minutes.

L’autre moitié du groupe ne recevait qu’un éclairage ordinaire.

Les analyses ont montré que la satisfaction sexuelle avait été multipliée par trois chez les patients qui ont suivi la luminothérapie alors qu’elle stagnait chez les autres.

Et ce n’est pas une « vue de l’esprit » de leur part.

Le taux de testostérone des participants qui avaient suivi la luminothérapie avait augmenté de 2,1 à 3,6 ng/ml !

La luminothérapie a déjà montré son efficacité dans le traitement de la dépression saisonnière (liée à la diminution du jour pendant l’hiver).

Elle pourrait donc également limiter le déclin de la sécrétion de testostérone qui se produit naturellement entre les mois de novembre et d’avril.

Explorer les nouvelles sensualités

Ensuite, il existe aujourd’hui des approches plus subtiles de la sexualité, qui voient notamment dans la « lenteur » un des secrets de l’épanouissement sexuel (méthode Richardson).

« Mettre de la lenteur dans la rencontre sexuelle est le fondement du tantrisme et du taoïsme » précise Alain Héril, sexothérapeute et formateur.

« Cette approche permet une remobilisation de nos sens, elle ouvre un espace aux émotions et affranchit, surtout les hommes, de l’obligation de performance. »

C’est ce qu’on appelle l’approche slow sex, parce que ça vient des États-Unis, mais bon ça veut dire une seule chose : ralentir

Prendre conscience que l’environnement sensoriel joue un rôle majeur.

Senteurs, couleurs et matières contribuent à remettre les sens au cœur de la rencontre intime.

Un exemple ? L’ajout au bain de sels aux huiles essentielles (10 gouttes d’huile de petit grain bigarade, 5 gouttes d’essence de bergamote, 5 gouttes d’huile de cèdre de l’Atlas) donne une profondeur insoupçonnée à l’expérience…

Les huiles choisies sont en effet des « harmonisantes », ce qui veut dire qu’elles évacuent l’anxiété et apaisent le mental.

Leur fragrance fine et subtile « invite au lâcher prise » – je n’en dis pas plus…

Et pour les femmes, un massage du plexus avec 2 ml de rose de Damas, 2 ml d’ylang ylang et 10 ml d’huile végétale de sésame produit, c’est un médecin qui me l’a assuré, un effet… « étonnant ».

D’autres approches peuvent surprendre, mais certains scientifiques recommandent par exemple d’avoir une relation sexuelle même si vous n’en brûlez pas d’envie.

Les études montrent que les personnes qui adoptent ce comportement (appelée « la force sexuelle commune ») auraient une plus grande capacité à maintenir le désir sur le long terme.

Le désir est dans l’assiette

Si vous avez des troubles de l’érection et souhaitez perdre du poids, sachez que manger moins gras est une mauvaise stratégie.

Une étude parue dans le Journal of Steroid Biochemistry a montré que les hommes qui réduisaient leurs apports en graisses voyaient leur testostérone baisser.

C’est parce que la testostérone est synthétisée à partir du cholestérol.

Parmi les aliments riches en bonnes graisses, il y a les œufs frais bio, les fruits à coque, les avocats, l’huile d’olive vierge extra, les anchois, les sardines, le saumon sauvage, etc.

Le fenouil, l’artichaut, l’asperge, la grenade peuvent également jouer un rôle d’excitant.

La consommation de céleri favorise quant à elle la libération d’androstérone, un « virilisant » contenu dans la sueur sous forme de phéromone.

Du côté des plantes, l’ortie stimule le tonus et augmente la biodisponibilité de la testostérone.

Un petit coup de fouet ? Pensez tisane…

Signalons au passage qu’il existe une utilisation particulièrement audacieuse de l’ortie.

Je ne le conseille pas spécialement, mais disons qu’elle vaut le détour.

C’est la technique du « fouet thérapeutique »…

L’écrivain Jean Palaiseul indique qu’elle était « pratiquée du temps de Pétrone par les libertins épuisés qui réveillaient ainsi leurs appétits amoureux ».

Techniquement, c’est très simple : on frappe (ou on frotte) les parties concernées pendant quelques minutes à l’aide d’orties fraîches.

Bon…vous pouvez aussi préférer cette tisane, utile en cas de baisse du désir :

  • 30 g de menthe poivrée,
  • 30 g de millepertuis,
  • 30 g de sarriette,

3 tasses par jour pendant deux semaines.

Autre possibilité, parmi les vasodilatateurs, la verveine agit à un double niveau, et doit ses vertus à un alcaloïde : la verbénaline. Elle dilate les artères et, favorisant la turgescence du sexe masculin (il gonfle), facilite l’érection et stimule la libido dans le même temps.

Enfin, le mucuna, une plante grimpante également connue sous le nom de « pois mascate », est également évoquée comme aphrodisiaque, parce que ses graines contiennent de la L-Dopa, un acide aminé précurseur de la dopamine : le neurotransmetteur du plaisir.

Là, ça devient carrément chaud…

Maurice Mésségué, herboriste et poète, a consacré un livre entier au sujet de l’apprentissage de l’amour :

« L’amour est comme le reflet du soleil sur la baie. Il faut vite l’emprisonner de son regard, et si intensément, que le seul souvenir de la lumière crée encore de la lumière. »

« Il ne faut pas s’aviser de lui faire de l’ombre avec les habitudes, les soucis, en pensant que plus tard, quand on le voudra, le reflet sera là. Non…perdu : il sera éteint. Ne reste que l’ombre, qui gagne, qui gagne »(3).

Voilà pourquoi il nous suggère de ne surtout pas négliger les « petits moyens » au service du « grand amour ».

Nous en avons évoqué plusieurs, auxquelles on pourrait ajouter les racines de l’angélique sauvage ou encore le ginseng. Si vous avez les vôtres, ajoutez-les en commentaire, merci d’avance !

Il en reste un dernier, le plus délicat de tous, la botte secrète de l’herboriste.

Partir en pleine nature, main dans la main avec l’être aimé(e). Et alors…

« Si la musique des oiseaux vous inspire… »

« Si l’odeur de l’herbe réchauffée vous exalte. »

« Si le parfum des grands fenouils en graine vous tourne un peu la tête, abandonnez-vous à cette vague de sensualité. »

Euh…ça se corse, là… « Et si on nous surprend ? » va-t-elle vous demander.

« Alors ne cherchez pas à la convaincre avec des arguments. Persuadez-là en la troublant » reprend l’herboriste.

« Comme s’il fallait repartir de zéro avec elle. La reconquérir à la face du ciel. Faites-lui oublier les peurs que lui a apprises sa mère, les retenues que lui imposent ses enfants. »

« C’est maintenant qu’il faut rompre avec l’habitude, l’endormissement. La Nature vous aide, de toutes ses émanations, ses chants, ses couleurs ».

Ce qui se passe ensuite…

Santé !

Gabriel Combris

 

SOURCES

[1] « Erectile dysfunction. How medication, lifestyle changes, and other therapies can help you conquer this vexing problem », Special Health Report, Harvard Medical School.

[2] https://www.sciencedirect.com/journal/european-neuropsychopharmacology/vol/26/suppl/S2?page-size=100&page=9

[3] Maurice Mésségué, Réapprenons à aimer.