Chers lecteurs,

Pour nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, le sucre, c’était le luxe suprême…un plaisir rare, dont les seules sources disponibles étaient les fruits et le miel.

Pour goûter le sucre, il fallait donc « cueillir » les fruits, souvent en hauteur, à certains moments de l’année seulement, ou convaincre les abeilles de laisser prélever leur nectar…

Pour le dire simplement, le sucre, ça se méritait.

Et on peut se demander si la Nature a rendu l’accès au sucre difficile…par hasard 

En tout cas, comme l’explique le Dr Robert Lustig1, pédiatre et endocrinologue spécialisé dans l’obésité infantile, l’homme, contrairement à la nature, « a tout fait pour que le sucre soit désormais à portée de la main… »

Et cela, dès le plus jeune âge…avec des résultats catastrophiques. 

Diabète, Hypertension, surpoids…

Pour mesurer l’ampleur du désastre, je vous propose de nous pencher sur une étude récente, parue dans la revue Science en octobre dernier.

Elle s’est intéressée à la situation de l’Angleterre pendant la deuxième guerre mondiale, où les autorités avaient organisé un système de rationnement pour de nombreux produits de base, dont le sucre.

Les limites par personne étaient de 40 grammes par adulte et par jour, 15 grammes par enfant et 0 pour les nourrissons, à savoir ce que l’OMS recommande actuellement, grosso modo.

Ce rationnement s’est poursuivi jusqu’en 1953 et, lorsqu’il a été levé, la consommation de sucre a littéralement explosé !

En une année seulement, la quantité de sucre consommée dans le pays a doublé et a ensuite continué d’augmenter.

Les analyses statistiques ont révélé que les individus conçus ou nés après 1953 couraient un risque accru de développer aussi bien du diabète que de l’hypertension par rapport à ceux nés pendant la période de rationnement.

La consommation de sucre dans les 1’000 premiers jours de vie semble la plus cruciale.

Par exemple, une personne conçue avant la fin du rationnement en 1953 mais née après, avait un risque réduit de développer un diabète (de 15 %) et une hypertension (de 5 %) par rapport à quelqu’un conçu après cette période, tandis que les nourrissons qui avaient atteint l’âge de 1,5 an avant la levée des restrictions alimentaires présentaient des risques encore plus faibles (moins 40 % pour le et 20 % pour l’hypertension).

C’est dire à quel point l’exposition précoce au sucre est une calamité !

Surtout qu’une consommation trop importante de sucre durant la petite enfance pourrait engendrer une préférence durable pour les aliments sucrés pour le reste de la vie.

Cela n’a évidemment pas échappé aux industriels de l’agro-alimentaire qui s’empressent de sucrer à outrance leurs préparations pour « fidéliser » leurs petits clients.

En Afrique du Sud, par exemple, les céréales pour bébés Cerelac contiennent six grammes de sucre par portion, soit l’équivalent d’un carré et demi de sucre avec chaque repas !! 

Aux Philippines, le niveau de sucre grimpe même à 7,3 grammes par portion pour l’un des produits Nestlé destiné à être donné deux fois par jour à des bébés de 6 mois !

« En ajoutant des sucres, dans ces produits, explique Gabriel Gaberell, co-auteur de l’enquête qui a dénoncé ce scandale, l’unique objectif de Nestlé est de créer une accoutumance ou une dépendance des enfants, parce qu’ils aiment le goût sucré ».

Et il est très difficile de s’en défaire : une méta-analyse de 2017 parue dans le British Journal of Sports Medicine a montré que le sucre serait au moins aussi addictif que la cocaïne !!!!

Je serais curieux de voir la tête des parents s’ils savaient ça…

En réalité, le sucre fait même pire : il prend le contrôle de notre cerveau !

En « pervertissant » l’équilibre entre la noradrénaline (éveil, excitation) et la sérotonine (inhibition, sommeil), le sucre ouvre la porte à des comportements terrifiants :

Vous avez peut-être déjà entendu parler de l’étude du criminologue Stephen Schoenthaler, qui a montré, sur des populations délinquantes, que la réduction des sucres rapides réduisait les comportements violents !!!

Une étude plus récente vient encore faire la même démonstration, en matière de sécurité routière.

Savez-vous pourquoi 1 automobiliste sur 7 roule trop vite ?

Probablement parce qu’il consomme…trop de sucre !2

Sur 817 conducteurs, ceux qui multipliaient les infractions étaient aussi ceux qui consommaient le plus de produits sucrés (barres, sodas et surtout boissons énergisantes…).

En attendant de voir les gendarmes contrôler la glycémie des conducteurs, il faut vraiment prendre conscience du sabotage intérieur auquel se livre le sucre !

Et ce n’est pas tout. En concentration élevée, le sucre agglutine également la surface des neurones, ce qui active le système immunitaire et induit une inflammation chronique dans le cerveau.

« C’est plus particulièrement le cas du sucre raffiné et du sirop de glucose-fructose (qu’on trouve dans les plats industriels et les boissons sucrées), qui désactivent à long terme non seulement le récepteur de l’insuline des cellules graisseuses, ce qui conduit à un diabète de type 2, mais aussi celui des neurones de l’hippocampe »3 explique Michael Nehls, spécialiste des maladies neurodégénératives.

Réduire d’urgence la consommation de sucre

En réalité, la réduction de la consommation de sucre est un objectif à tout âge.

En 2016, des chercheurs ont découvert que les hommes ont trois fois plus de risque de cancer de la prostate s’ils consomment beaucoup de boissons sucrées.

Risque qui est presque doublé lorsqu’ils consomment des aliments à index glycémique élevé, type pizzas ou sandwichs…4

A l’inverse, les femmes qui privilégient les aliments à indice glycémique bas (céréales complètes, lentilles, fruits frais) ont 67 % de risque en moins de contracter un cancer du sein.

Bien sûr, il s’agit là d’études d’observation, mais d’autres recherches montrent un lien direct cette fois entre sucre et cancer :

Des chercheurs texans ont sélectionné des souris prédisposées génétiquement au cancer du sein et leur ont donné des doses de sucre comparables à ce que les Occidentaux avalent tous les jours5.

Au bout de 6 mois seulement, les souris qui avaient suivi ce régime enrichi en sucre blanc (saccharose) avaient presque deux fois plus de tumeurs que les autres. Et plus le régime était riche en sucre, plus les tumeurs grandissaient rapidement !

N’en déplaise à la mafia du sucre qui nous cible du berceau jusqu’à la tombe, l’’augmentation massive de notre consommation de sucre depuis 40 ans est donc sans aucun doute une des causes majeures de la hausse des cancers sur la même période.

Maintenant, je voudrais conclure sur une note plus optimiste, avec ce chiffre… Difficile de faire plus officiel, c’est celui que nous donne le Ministère de la Santé :

40% des cancers pourraient être évités « si nous changeons nos comportements quotidiens »!

C’est presque un sur deux. C’est phénoménal ! 

Et cela ne repose pas sur les milliards d’un énième « plan anticancer». Cela repose sur chacun de nous :

  • Consommer des glucides lents, remplacer le snack par des amandes, se régaler de chocolat noir, etc. c’est réduire sa dépendance au sucre, mais aussi son risque de cancer, son risque cardiovasculaire, d’hypertension, de diabète, de surpoids ou de dépression.
  • Faire de l’exercice physique 30 minutes par jour, apprendre à mieux maîtriser ses pulsions (par la méditation, la respiration, ou la supplémentation – magnésium et vitamines B – etc.),
  • Chercher dans sa vie un but, un sens, et trouver sa réalisation dans de multiples dimensions : sociales, culturelles, amoureuses, artistiques, spirituelles, etc.

Voilà des pistes qui, je crois, mériteraient d’être envisagées tôt.

Pour cultiver dès le plus jeune âge un mode de vie qui préserve de la maladie, et qui ne consiste pas seulement à réagir quand les problèmes sont là…

Et si vous-même avez connu « l’addiction au sucre », partagez votre expérience : comment vous l’avez vécu, quelles ont été les conséquences, et comment vous avez, peut-être, réussi à vous en débarrasser.

Santé !

Gabriel Combris


Sources : 

[1] Auteur de « Sucre, l’amère vérité »

[2] https://fr.news.yahoo.com/fous-volant-consommateurs-malbouffe-boissons-energisantes-112222318.html

[3] Dr. Michael Nehls, « Guérir Alzheimer ».

[4] Nour Makarem, Ph.D. student, nutrition, New York University, New York City; Marji McCullough, Sc.D., R.D., strategic director, nutritional epidemiology, American Cancer Society, Atlanta; America Beverage Association, statement, April 5, 2016; abstract, April 5, 2016, presentation, American Society for Nutrition’s Experimental Biology meeting, San Diego

[5] Cancer Research Dec, 2015 doi: 10.1158/1538-7445.AM2015-3735 Dietary sugar induces tumorigenesis in mammary gland partially through 12 lipoxygenase pathway

[6] https://www.lesechos.fr/industrie-services/pharmacie-sante/0211308555585-40-des-cancers-pourraient-etre-evites-2028718.php