Chère lectrice, cher lecteur,

Que ce soit pour la vitamine D, les oméga-3, le zinc ou encore le curcuma, il faut aujourd’hui naviguer dans un océan d’informations contradictoires.

Un jour, les médias « officiels » nous disent que la médecine naturelle ne sert à RIEN.

Poubelle, la vitamine D, les oméga-3, le zinc ou le curcuma !

Mais le lendemain, changement de ton… Voilà les molécules naturelles bien trop dangereuses pour être utilisées par monsieur tout le monde.

Les huiles essentielles, les plantes, les compléments alimentaires, subitement, il faut tout encadrer, restreindre, interdire.

Pour les patients, la confusion est TOTALE. Et c’est exactement ce qui est en train de se reproduire au sujet du jeûne intermittent, avec la parution d’une étude ahurissante.

Présentée le 18 mars dernier lors d’un congrès à l’American Heart Association, cette recherche chinoise de l’Université Jiao Tong de Shanghai affirme que le jeûne intermittent augmenterait de 91 % le risque de souffrir d’une maladie cardio-vasculaire !¹

LE JEÛNE INTERMITTENT DÉSASTREUX pour la santé ?!!!

Vous vous rendez compte : c’est le contre-pied absolu de tout ce qui a été publié jusqu’ici. Et la caution du panel de l’étude, 20 000 participants, et de sa durée, 8 ans, auraient de quoi lui donner du sérieux…

Seulement comme toujours, le diable est dans les détails…

Premier problème, l’étude n’a pas été validée par la communauté scientifique – étape indispensable pour établir la légitimité des conclusions –, elle en est seulement à la phase de « communication des résultats préliminaires »…

Et comme le disaient nos grands-mères, la prudence est la mère de toutes les vertus.

Mais il y a autre chose…

Interprétation douteuse

Pour établir leurs conclusions, les chercheurs ont en fait passé en revue les données d’une autre enquête, l’enquête nationale américaine sur la santé (NHANES).

Sur la base de questionnaires librement remplis, cette autre enquête avait tenté de récolter des informations sur le mode de vie des Américains entre 2003 et 2018.

Ça commence très mal, puisque les chercheurs chinois ont travaillé à partir de données qu’ils n’avaient pas eux-mêmes récoltées, pariant sur la sincérité des réponses.

Deux facteurs qui rendent ces données difficilement contrôlables.

Et de là en fait découlent tous les problèmes !!

Premier problème : les scientifiques ont généralisé les habitudes alimentaires de leurs sujets à partir de seulement quelques-unes de leurs réponses.

Et donc, les données retenues sur ce point ne sont pas fiables car vous comprenez bien qu’il ne suffit pas de faire un jeûne intermittent pour s’épargner la crise cardiaque…

Encore faut-il manger correctement le reste du temps… !

Du bon sens, me direz-vous.

Deuxième problème, pas ou très peu d’informations sur l’hygiène de vie globale des sujets étaient disponibles : tabagisme, alcool, activité physique, niveaux de stress, etc.

Ce sont pourtant des facteurs avérés de risque de maladies cardiovasculaires !

Troisième et dernier problème : le concept de jeûne intermittent était presque inconnu au début des années 2000, si bien qu’il est très improbable que les participants aient jeûné pour des raisons de santé.

Leur vie quotidienne leur imposait probablement ce rythme malgré eux.

Et les auteurs de l’étude NHANES ont d’ailleurs reconnu clairement ne pas avoir interrogé les participants sur les motifs qui les avaient poussés à pratiquer le jeûne.

Dans ces conditions, l’interprétation des données est hautement fantaisiste, pour ne pas dire plus.

Et ce n’est pas tout…

Mourir noyé à cause d’une glace ? Démonstration par l’absurde

Les scientifiques le savent : identifier une corrélation entre deux phénomènes ne veut pas dire que l’un cause forcément l’autre.

Par exemple, il existe une corrélation entre les ventes de glaces et les noyades, normal puisque les noyades augmentent en été – saison où les gens se baignent plus – tout comme la consommation de glaces.

Pour autant la consommation de glace n’est pas la cause de la noyade…

Ces deux phénomènes n’ont strictement aucun rapport sinon que l’un et l’autre ont plus de probabilité de se produire en été qu’à d’autres moments de l’année…

Et c’est la même chose dans l’étude sur le jeûne. D’autant plus que les chercheurs chinois s’avouent tout à fait incapables d’expliquer le mécanisme exact par lequel le jeûne intermittent augmenterait le risque cardiovasculaire…

Pas un mot sur le mécanisme…

Alors qu’au contraire, à ce jour, de très nombreuses études ont prouvé les bienfaits du jeûne intermittent en prévention des maladies cardio-vasculaires.

Et, loin de s’en tenir à des vagues corrélations, elles ont pu établir le mécanisme précis à l’origine de cette protection.

Il serait long de toutes les mentionner tant elles sont nombreuses.

Soulignons simplement :

  • Les études qui montrent que le jeûne intermittent diminue la sécrétion d’insuline par le pancréas, sachant que l’insuline a un effet pro-inflammatoire pouvant participer à la survenue de maladies cardio-vasculaires.
  • Celles qui prouvent que le jeûne intermittent diminue l’apport calorique journalier total est qu’il entraîne donc une perte de poids et que cette dernière a elle-même un effet protecteur sur l’apparition des maladies cardiaques et des AVC.

À l’inverse, pour le moment, aucun argument biologique sérieux ne permet de soutenir que le jeûne intermittent, pratiqué par l’humanité depuis des millions d’années, serait nocif pour la santé cardiaque.

Même selon Mark Mattson, professeur de neurosciences à la faculté de médecine de l’université Johns Hopkins, il s’agit plutôt de « notre modèle alimentaire de trois repas par jour plus des collations qui n’a aucune base scientifique. », car bien d’avantage dicté par des impératifs sociaux que naturels.

Force est donc de constater que cette étude n’a vraiment pas de quoi remettre en question les bienfaits du jeûne intermittent sur notre santé, plusieurs fois prouvés.

Il ne peut, bien sûr, à lui seul faire des miracles, mais, intégrés à un mode de vie sain, il contribue à coup sûr au maintien d’une bonne santé cardiaque et globale.

Et le mieux, c’est qu’il est même possible de jeûner SANS avoir la contrainte du jeûne. C’est une nouvelle approche complètement géniale, qui a montré des résultats exceptionnels, y compris contre la maladie d’Alzheimer !!!

Santé !

Gabriel Combris


Sources :

[1]https://newsroom.heart.org/news/8-hour-time-restricted-eating-linked-to-a-91-higher-risk-of-cardiovascular-death