Chère lectrice, cher lecteur,

Nous avons déjà évoqué ensemble l’expérience de la psychologue Ellen Langer sur le vieillissement1.

Elle a démontré « qu’avec un état d’esprit approprié, nous avons le pouvoir d’agir sur la réalité externe comme sur la réalité interne de notre physiologie et de nos processus de vieillissement. »

Sa conclusion : face au vieillissement et à la maladie, un état d’esprit positif et combattif, peut radicalement changer l’issue, même lorsque le diagnostic des médecins se veut définitif.

C’est aussi l’avis du dr. Joe di Spenza, qui a montré comment nos « croyances » peuvent enclencher des processus physiologiques bien réels2.

Ils sont ivres…sans avoir bu une goutte d’alcool !

Di Spenza relate notamment une étude de chercheurs néo-zélandais, qui ont invité un groupe de 150 étudiants dans un local où a été recréée une atmosphère festive de bar.

Les chercheurs ont informé la moitié des étudiants qu’on leur servirait de la vodka avec du soda tonique, et l’autre moitié qu’ils boiraient seulement du soda.

En réalité, les barmen ne versaient que du soda tonique. Pas une goutte d’alcool.

Mais l’atmosphère de bar était, elle, ultra-réaliste : musique, ambiance tamisée, les verres étaient décorés d’une tranche de citron, les barmen mélangeant et servant les boissons comme s’ils s’agissait de vrais cocktails, etc.

Les résultats de l’étude sont impressionnants :

« Les sujets devinrent vite éméchés, agissant comme s’ils étaient saouls, certains manifestaient même des signes physiques d’intoxication. Pourtant ils n’étaient pas ivres parce qu’ils buvaient de l’alcool, mais parce que l’environnement, par la mémoire associative, incitait leur cerveau et leur corps à réagir d’une façon familière » !

« Ils étaient persuadés d’avoir bu de l’alcool et cette croyance avait entraîné la production de substances neurochimiques qui avaient altéré leur état ».

En d’autres termes, leurs croyances avaient suffi à déclencher un changement biochimique dans leur corps, équivalent à l’état d’ébriété !

Ce qui est intéressant, c’est que le processus fonctionne aussi…dans l’autre sens : l’environnement et la croyance associée peuvent aussi provoquer la guérison.

« En Pennsylvanie, des patients d’hôpitaux qui, après avoir subi une chirurgie, récupéraient dans une pièce offrant la vue d’un bosquet d’arbres niché dans un environnement naturel ont eu besoin de médicaments antidouleurs moins puissants et ont pu quitter l’hôpital sept à neuf jours plus tôt que les patients qui étaient alités dans une pièce faisant face à un mur de briques ».

Notre état d’esprit, en partie conditionné par l’environnement, peut ainsi contribuer de façon radicale à la guérison de notre corps et de notre cerveau.

Avec des résultats parfois inespérés.

« Chère Madame, vous pouvez organiser votre enterrement… »

Il y a quelques années, la presse anglaise a raconté l’histoire de quatre femmes atteintes d’un cancer, toutes condamnées par leurs médecins respectifs3.

Comme l’écrivait le journaliste, « la date de décès était prévue, dans un mois pour l’une, six pour l’autre, il n’y avait plus qu’à organiser l’enterrement»

Mais il faut croire que le mystère de la vie, de la maladie et de la mort dépasse la réalité diagnostique, et qu’il y a, tapie au fond de chaque être humain, une formidable force d’auto-guérison qu’on peut…déclencher.

Le témoignage de ces femmes montre à quel point des leviers comme les relations sociales, le fait d’avoir des objectifs ou de trouver un sens insoupçonné à sa vie peuvent influencer la guérison de façon déterminante, même dans des cas que la médecine juge « désespérés » :

Voici celui de Jane, cancer du sein, avec « 2 mois à vivre » en 1993…

« À 42 ans, j’ai eu un premier cancer du sein, guéri, puis une rechute. À ce moment-là j’étais à bout, je voulais en finir. »

« Un jour j’ai entendu mon fils, qui avait 6 ans alors, et qui pleurait dans la pièce d’à côté. Il disait “Maman…” comme si j’étais déjà morte.

« C’est là que je me suis dit que je devais vivre. Je ne pouvais pas le laisser seul. « 

« Cinq semaines après, quand mon médecin m’a annoncé qu’il me restait deux mois au plus, je n’ai ressenti aucune colère, ni peur. En fait, j’avais déjà touché le fond. »

« J’ai commencé à faire mes propres recherches. J’ai trouvé une carte qui montrait que l’incidence de mon cancer du sein était de 1 sur 100 000 en Chine, contre 1 sur 10 chez nous. »

« Là, j’ai pensé que c’était lié à ma façon de m’alimenter et j’ai décidé de manger comme les femmes chinoises qui n’avaient pas le cancer. Peu de protéines animales, pas de produits laitiers, beaucoup de fruits, de légumes, d’oléagineux ».

« Six semaines plus tard, ma tumeur été partie… »

« Le médecin, lui, m’a dit que c’était grâce à la chimio, et qu’elle reviendrait sûrement. Pourtant j’ai continué avec mon nouveau régime. Aujourd’hui j’ai 65 ans, je suis grand-mère pour la sixième fois… »

Angèle, cancer des ovaires, « 1 an à vivre », en 2001

« Après l’opération, une petite phrase a trotté dans ma tête : « tu peux vaincre la maladie ».

« Au début, pour moi c’était juste une phrase comme ça, et puis je me suis mise à vraiment y croire. »

« Je passais du temps au jardin, à apprécier de toutes petites choses que je ne voyais pas auparavant. Des fleurs, des couleurs, des odeurs. Je comprenais que j’avais beaucoup plus de force en moi que ce que je croyais. »

« Je voulais épouser l’homme avec lequel je vivais, je voulais voir Venise une fois dans ma vie, je voulais voir naître mon premier petit-fils. »

« Aujourd’hui j’ai réalisé ces rêves. Je crois qu’ils m’ont portée pour survivre. Au moins autant que la chimiothérapie. »

Bien sûr, il ne suffit pas de vouloir guérir pour que le miracle se réalise.

Mais nous avons vu que l’environnement et la croyance jouaient un rôle essentiel pour bâtir une force spirituelle capable d’agir dans notre corps, et de soigner les maladies les plus graves.

L’équipe du Dr Alaistair J Cunnigham, de l’Ontario Cancer Institute, s’est ainsi intéressée « aux traits psychiques d’anciens malades de cancers métastasés considérés comme incurables par la médecine ». Tous avaient en commun :

  • L’authenticité: une compréhension de ce qui est important dans sa vie.
  • L’autonomie : le sentiment de pouvoir influencer leur vie pour se mettre en accord avec ces valeurs
  • L’acceptation : meilleure estime de soi, meilleure tolérance et proximité émotionnelle aux autres, et une vie affective perçue comme plus joyeuse et sereine. »

J’ajouterai une dernière chose, que nous inspire là-encore la nature.

Vous voyez cette photo :

Il s’agit d’une nuée d’étourneaux, qui virevoltent en groupe, dans un sens puis un autre sans jamais s’entrechoquer.

« Dans ce comportement collectif » note le chercheur Michel Le Van Quyen, « la nuée forme un phénomène émergent dont l’unité globale ne peut pas être expliquée à partir des comportements individuels des oiseaux »4.

En d’autres termes, le comportement du groupe va influencer, en retour, l’état des animaux à titre individuel.

Ces derniers vont suivre telle direction plutôt que telle autre, vont voler plus ou moins vite car l’ensemble, qui leur est pourtant extérieur, influence leurs propres mouvements.

Le tout, ainsi que ses parties, ont donc une réalité.

La nuée d’étourneaux est aussi réelle que les éléments qui la composent, même si elle n’existe plus lorsque les oiseaux de dispersent.

Pourquoi je vous parle de cela ?

Parce ce que notre organisme possède lui aussi une cohérence globale, qui contraint les processus biologiques au niveau le plus élémentaire.

Cultiver un état d’esprit qui intègre sa propre vie dans une dimension plus large que soi, comme la nuée d’étourneaux, c’est peut-être ce que nous demande notre organisme pour ressentir le bien-être…ou retrouver la santé lorsqu’il est malade.

Petit à petit, ces idées font leur chemin. On les retrouve lorsqu’on évoque la médecine globale, holistique ou quantique.

« Si nous pouvons penser l’Univers, c’est que l’univers pense en nous » résume l’écrivain François Cheng.

Et c’est ce qui explique pourquoi l’approche scientifique traditionnelle, dite « réductionniste » et qui consiste à morceler la vie jusqu’à ses plus petits éléments, néglige une dimension essentielle…

Certains scientifiques « purs et durs » le reconnaissent d’ailleurs, comme le cancérologue David Khayat, :

« Pendant de nombreuses années, je dois le reconnaître, j’ai été assez réfractaire à l’idée que le stress, le malheur, la tristesse puissent être à l’origine du cancer.

« Mais aujourd’hui, j’ai changé d’avis. Oui, j’ai l’intime conviction que notre vie spirituelle interfère avec notre ADN et est susceptible d’être prophylactique (protéger contre le cancer) ou, au contraire, terriblement délétère !» 

Voilà pourquoi une approche « mécanique » du soin, qu’il soit chimique ou naturel, est forcément limitée.

Car ce n’est pas seulement en mangeant des légumes, en faisant de l’exercice ou en ayant le bon ratio oméga 3/oméga 6 que nous sommes protégés contre la maladie.

Il nous faut aussi nourrir notre esprit avec ce qui le grandit : la bonté, la gratitude, l’espoir, l’ouverture et le service de l’autre, etc.

Pas facile…c’est vrai.

Mais là encore, l’image de la nuée d’étourneaux est parlante : la psychologue américaine Barbara Fredrickson a ainsi montré que le système immunitaire des individus en quête d’un bonheur « eudémonique », qui passe par le lien avec les autres, est plus développé que celui de ceux qui recherchent un bonheur « hédonique », centré sur la satisfaction personnelle.

Alors certes, les obsédés du progrès et autres transhumanistes de la Silicon Valley peuvent bien expliquer que « pour vivre très vieux et en bonne santé, nous avons besoin de technologies et d’innovation »…

…Je pense qu’ils seraient surtout inspirés de regarder le ballet des oiseaux pour comprendre ce qui nous rend heureux et en bonne santé :

Etre unique, mais être ensemble

Etre une petite part d’un grand tout.

Et pour finir, savez-vous ce qu’ont découvert des chercheurs d’Oxford, qui voulaient comprendre ce qui déterminait notre seuil de résistance à la douleur.

Ce n’est ni notre âge, ni la robustesse de notre constitution…mais l’étendue de notre réseau amical.

…Oui, « plus on est entouré d’amis, mieux on résiste à la douleur »5.

Et là encore, c’est bien l’état d’esprit positif de cette situation qui engendre un mécanisme chimique : le fait de voir des amis permettrait au cerveau de sécréter de l’endorphine, l’hormone du plaisir, efficace pour combattre la douleur. Si efficace qu’elle serait plus performante à ce niveau que la morphine…

La technologie ne rivalise pas (encore) avec la puissance de l’esprit…

Santé !

Gabriel Combris

 

1. https://www.directe-sante.com/vieillissement-comment-un-petit-groupe-de-seniors-a-reussi-a-rajeunir-de-20-ans/

2. Joe diSpenza, « Le placebo, c’est vous – comment donner le pouvoir à voter esprit».

3. http://www.dailymail.co.uk/femail/article-1349105/Told-terminal-cancer-little-weeks-live-miracle-survivors-club-proved-doctors-wrong.html

4. Michel Le Van Quyen, Les pouvoirs de l’esprit.

5. http://medicalxpress.com/news/2016-04-friends-morphine-larger-social-networks.html