Chères lectrices, chers lecteurs,

Il y a dix ans, Isabelle El Khiari était une pionnière. Passant de chambre en chambre, les poches de sa blouse pleines de flacons d’huiles essentielles dont les verres carillonnaient dans les couloirs.

« L’infirmière qui fait cling cling » était alors perçue comme une « originale », pour ne pas dire plus…

10 ans plus tard, elle occupe un poste clé à l’AP-HP (Hôpitaux de Paris), elle est « infirmière clinicienne consultante spécialisée dans les approches complémentaires en soin ».

Une phrase à rallonge qui veut surtout dire une chose : les huiles essentielles ont gagné leur légitimité à l’hôpital !! Et cela ne doit rien au hasard.

Le chemin des « simples »

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais cela ne m’étonne pas vraiment que ce soient les « petites mains » qui aient permis ce succès.

Pas les grands oncologues, ni les anesthésistes, ni les grands pontes devant lesquels on se tient respectueusement, mais une communauté de thérapeutes discrets, infirmières, sage-femmes, aides-soignantes, des femmes pour la plupart, qui sont de plus en plus nombreuses à se former en parallèle de leur travail pour aider les patients à traverser les épreuves qui les attendent.

Elles sont, à l’image de nos « simples », des thérapeutes de terrain qui se fondent sur leur expérience et sur l’écoute des malades.

L’une d’elle raconte comment une patiente de 88 ans en proie à de fortes douleurs abdominales, des angoisses et des insomnies, refusait de se médicamenter parce que son lien de confiance avec l’équipe médicale est brisé [1].

Elle lui prépare alors un mélange de :

  • 20 gouttes d’HE de gingembre,
  • 55 gouttes d’HE de petit grain de bigaradier,
  • 30 ml d’huile végétale de jojoba.

Cette synergie s’applique en massage sur le ventre 2 à 6 fois par jour 5 jours sur 7 en cas de douleur abdominale aiguë.

En deux jours, la patiente souffre moins, dort mieux et consent à reprendre son traitement.

C’est grâce à ce genre d’intervention, efficace et discrète, que les huiles essentielles ont commencé à être (re)prises au sérieux par certains médecins.

Au début, les flacons débarquent aux soins palliatifs pour accompagner les patients en fin de vie. Les parfums ont pour mission de les relaxer, d’écarter leurs angoisses.

Mais on s’aperçoit que les huiles essentielles font bien plus !

Comme l’huile essentielle de myrrhe amère, dont la structure ressemble à la molécule de morphine, et qui permet de réduire les doses de morphine et de prévenir les dépendances

Au Centre Hospitalier Delaroche à Clisson, les huiles essentielles de ravintsara et de lavande fine sont diffusées dans les couloirs pour faire barrière aux virus de la grippe qui peuvent s’avérer mortel chez les plus fragiles.

Pour calmer l’anxiété et l’agitation des patients souffrant de troubles cognitifs, les soignants de l’hôpital Pasteur de Colmar, utilisent l’huile essentielle de lavande via des inhalations et des onctions sur le dos, la voûte plantaire, le sternum ou l’intérieur des poignets [2].

Validées par la science

Je repense à ce que disaient la plupart des médecins interrogés dans les années 1960 sur les huiles essentielles et le pouvoir de l’aromathérapie :

« C’est une méthode totalement dépassée ! »

« Vouloir s’attaquer aux maladies avec des essences aromatiques alors que l’on dispose de toutes les ressources de la chimie moderne serait aussi ridicule que de partir en guerre, de nos jours, avec une arquebuse ou un tromblon ». [3]

C’est rigoureusement l’inverse qui est en train de se produire…

Alors merci à ce personnel hospitalier dont les mains touchent, caressent, apaisent, et qui fait progressivement remonter les huiles essentielles dans les hautes sphères de la recherche et de la science médicale.

Le chemin est encore long, mais c’est incontestablement à partir de cette introduction des huiles essentielles à l’hôpital que la science entreprend des études de plus grandes ampleurs.

Comme récemment en montrant comment la résine de Boswellia ou l’huile essentielle d’encens peut être utile en cas de cancer. Les extraits purs d’oléorésine de Boswellia serrata entrainent la mort des cellules malignes notamment en cas du cancer du cerveau, du côlon, du foie, de leucémie…[4]

A l’heure où l’hôpital se déshumanise, où chaque minute passée avec un patient est calculée par de froids esprits comptables, les huiles essentielles offrent au contraire un parfum subtil et chaud fait d’écoute, d’attention et même, osons le dire, d’amour du patient !

Santé !

Gabriel Combris

 


Sources

[1] https://www.plantes-et-sante.fr/articles/on-en-parle/4712-trois-soignantes-mettent-lhopital-au-parfum

[2] Alzheimer, le parfum de l’âme. Dr J-P Willem

[3] Jean Palaiseul. Tous les espoirs de guérir. L’aromathérapie. Robert Laffont

[4] Nand Kishor Roy, Dey Parama, Kishore Banik, et al., « An Update on Pharmacological Potential of Boswellic Acids against Chronic Diseases », Int. J. Mol. Sci. 2019, 20(17), 4101; https://doi.org/10.3390/ijms20174101.