Chère lectrice, cher lecteur,

A votre avis, qu’est-ce qui va vous faire voyager dans l’espace, rencontrer une curieuse Miss France, et ressentir bien-être et sentiment de paix retrouvée ?

Une petite pilule magique ?

Bien sûr que non ! Une…tisane.

Le mélange que vous allez découvrir permet d’appréhender avec calme, sérénité et détachement les situations les plus stressantes (et en ce moment, ce n’est pas ce qui manque…)

J’en détaille ici la préparation car je trouve qu’il y a une vraie magie à comprendre comment les plantes s’unissent et se complètent pour parvenir à un agir concrètement sur notre santé.

Contre le stress, nous choisissons quatre plantes : 20 g d’éleuthérocoque (racine), 20 g de passiflore (partie aérienne), 20 g de coqueliquot (pétales) et 20 g d’angélique (racine).

L’éleuthérocoque, d’abord, l’antistress de référence.

Une plante qui voyage dans l’espace !

Dans les années 1950, le médecin russe Nikolaï Lazarev l’utilisa sur des conducteurs de camions et des mineurs de Sibérie travaillant dans des conditions particulièrement éprouvantes, et fit la preuve scientifique qu’elle augmentait leur résistance face au stress émotionnel et physique, sans effets secondaires, contrairement aux stimulants psychotropes qu’il avait essayés auparavant.

Plus tard, l’éleuthérocoque sera aussi utilisé avec succès par les astronautes de la station Mir.

Lazarev est le premier à avoir utilisé le qualificatif d’«adaptogène » pour décrire une plante qui :

  • augmente la résistance de l’organisme au stress ;
  • est « normalisante » : c’est à dire qu’elle ramène l’organisme à l’homéostasie (équilibre).

Des études récentes ont montré que l’éleuthérocoque procure une sensation de bien-être général, probablement lié à un effet relaxant sur les tissus du système sanguin1, et qu’elle est aussi très utile pour des personnes en situation de burn-out (épuisement professionnel)2

L’éleuthérocoque, vous l’avez compris, c’est la plante maîtresse de notre tisane. (Je précise aussi que vous pouvez aussi la consommer seule, en teinture hydroalcoolique à raison de 80 gouttes le matin – ou 50 gouttes le midi – ou en gélules de poudre de racine à raison de 500 à 1500 mg par jour. Faites une cure de deux mois).

La Miss France des plantes

A côté de notre adaptogène, donc, nous ajoutons maintenant la splendide passiflore, ici photographiée avec sa fleur violette éclose :

Dans une étude randomisée, des chercheurs ont analysé l’effet de la passiflore sur 60 patients avec des antécédents importants d’anxiété3.

La moitié d’entre eux a reçu un traitement à base de passiflore officinale, l’autre moitié un placebo.

Les scientifiques ont ensuite relevé le niveau d’anxiété des patients traités, à deux intervalles : 30 et 90 minutes après le traitement.

Ils ont constaté que le niveau d’anxiété des patients ayant reçu le traitement à la passiflore était bien inférieur au groupe témoin, et cela sans le moindre effet secondaire. Elégance, efficacité et délicatesse sous une seule et même bannière…la passiflore pourrait en inspirer plus d’un…

Et pour finir notre préparation, ajoutons nos deux autres plantes :

Le coquelicot, qui appartient à la famille des pavots, contient des alcaloïdes aux propriétés sédatives et anxiolytiques. Son action à la fois douce et efficace apaise autant les muqueuses enflammées que le système nerveux.

Et enfin l’angélique, que vous connaissez certainement pour son rôle important dans la tisane « carminative », qui réchauffe et apaise le système digestif, sévèrement éprouvé en cas de stress chronique.

Elle est la bienvenue dans la tisane antistress également. Comme l’écrivait à son sujet l’agronome Olivier de Serres, l’angélique « sert à tenir la personne joyeusement ».

Maintenant en pratique, on place le soir une cuillère à soupe de nos quatre plantes dans ¾ de litre d’eau froide. Vous pouvez ensuite aller vous coucher, la Nature travaille pour vous.

Le lendemain matin, il n’y a plus qu’à porter jusqu’au frémissement votre préparation de la veille, puis couvrir 10 à 15 minutes.

Filtrez, buvez 1 tasse le matin, et encore 1 ou 2 tasses dans la journée, pendant 3 semaines.

Voilà pour la tisane.

Stress et covid sont dans le même bateau. Qui tombe à l’eau ? Nous !

Maintenant, alors que la crise du coronavirus gouverne nos vies depuis plus d’un an, je voudrais vraiment insister pour redire à quel point le « stress » n’est pas un petit problème rebattu qu’on s’est habitué à lire à la une des magazines féminins.

Il s’agit d’un sujet grave.

Des chercheurs de Harvard ont ainsi montré que face à des conditions stressantes au travail, notre espérance de vie pouvait diminuer de…33 ans !!!

On sait aussi que le stress est à l’origine de très nombreuses maladies chroniques ou aiguës, avec des impacts sur tous les systèmes : digestion, glycémie, équilibre du cholestérol ou vitalité générale.

Le stress accélère la progression du cancer de la prostate4, le risque de maladies coronaires, et peut agir comme déclencheur d’un événement cardiaque majeur5 ;

Il réduit l’efficacité du système immunitaire6, affaiblit notre capacité de combattre les maladies passagères (grippe, bronchites, etc.) et les dégénérescences liées à l’âge ou à l’environnement, cancer notamment.

On croit soigner son stress…on récolte Alzheimer !

Le stress est d’autant plus problématique qu’il est aujourd’hui traité…totalement à l’envers ! Avec un recours beaucoup trop immédiat aux médicaments chimiques.

La France se retrouve ainsi au 2e rang européen pour la consommation de médicaments anxiolytiques7 (Valium, Xanax, Lexomil, Lysanxia, etc.), alors qu’on sait que leurs effets secondaires sont fréquents et particulièrement lourds.

Ainsi, dans une étude publiée en 2014 par le British Medical Journal, des chercheurs ont montré qu’une consommation d’anxiolytiques pendant plus de 3 mois augmentait de 51% le risque de développer la maladie d’Alzheimer chez les plus de 66 ans.8 Or, en France, la prise des traitements explose cette durée recommandée, avec …7 mois en moyenne !9

C’est la double peine : on souffre du stress, et on récolte Alzheimer en croyant l’apaiser !

Une autre étude conduite en 201610 par le Dr Daniel Kripke, de l’Université de Californie, se faisait quant à elle remarquée par cette conclusion glaçante :

« Les hypnotiques semblent être liés à des maladies graves et des décès prématurés du cancer, des infections graves, des troubles de l’humeur, des blessures accidentelles, des suicides et des homicides ».

Voilà pourquoi, contre le stress, les médecines naturelles sont, une fois de plus, les outils les plus adaptés à explorer en première intention.

Et ce n’est pas comme s’il en manquait :

Méditation, Qi qong, plantes (matricaire en cas de stress avec troubles digestifs, agripaume pour les stress avec crises d’angoisse, millepertuis lorsque le stress s’accompagne de dépression etc.) respiration, Emotionnal Freedom Technique (EFT), huiles essentielles (lavande, ravintsara, camomille romaine notamment), sophrologie, musicothérapie, marche afghane, cohérence cardiaque, etc. l’arsenal naturel est IMMENSE, et propose à chacun des pistes extrêmement variées.

 

Carburants du stress

Je veux juste évoquer pour finir quelques fondamentaux antistress à avoir bien en tête, mais pour le reste, c’est vraiment vous qui êtes aux commandes. 

Au niveau alimentaire, les sucres alimentent le processus physiologique du stress.

Une alimentation trop riche en sucres et féculents fait augmenter la glycémie sanguine d’une manière rapide.

Le pancréas va compenser par un pic d’insuline qui fait souvent redescendre la glycémie à un niveau trop bas. Cette hypoglycémie réactionnelle place votre corps en situation de stress – elle est suivie d’une relâche d’adrénaline et de cortisol. Ceci provoque une fringale sucrée et si vous cédez, c’est parti pour relancer ce cercle vicieux.

A l’inverse, il faut privilégier une alimentation qui fournit une énergie stable tout au long de la journée.

Dès le petit-déjeuner, remplacez pain blanc, céréales, confitures etc. par des aliments riches en nutriments : fruits frais de saison, fruits à coque, œufs, pain complet ou au sarrasin, purées d’amandes ou de noisettes.

Pour les repas, prendre de belles portions de légumes de saison et une petite portion de protéines, parfois accompagnés d’un peu de féculents (un quart de l’assiette, pas plus).

Le soir, dîner tôt et léger, pour éviter la surcharge digestive au moment de se coucher et les problèmes de sommeil. Les personnes qui dorment mal ont en effet montré dans des études des réactions de stress, d’anxiété et de colère disproportionnés par rapport à ceux qui dorment bien11/12.

Si vous avez plus de 50 ans, et que votre sommeil s’est détérioré ces derniers temps, vous pouvez faire l’essai de mélatonine à dose faible (0,3 mg après le repas du soir).

Pour retrouver un sommeil plus réparateur, prenez une cuillère à café d’un extrait liquide de pavot de Californie, cousin du coquelicot une demi-heure avant d’aller vous coucher.

 

Merveilleux remède contre le stress

Contre le stress, il y a aussi beaucoup d’approches personnelles, qui méritent d’être partagées pour le bienfait de tous. N’hésitez pas à le faire en commentaire de cette lettre.

Pour ma part, je me souviens d’une lectrice qui m’avait parlé de sa stratégie assez étonnante pour calmer son stress.

Elle se rendait au travail en vélo, et elle avait modifié son trajet exprès pour passer tous les matins…devant un cimetière !

«Ca m’aide à remettre les petits et les grands soucis du quotidien en perspective… »

Et pourquoi pas ! Après tout, comme dit l’adage, « Faites attention au stress. Car il vaut mieux arriver en retard dans ce monde, qu’arriver en avance dans l’autre ».

Santé !

Gabriel Combris

 

Sources : 

1. Kwan CY1, Zhang WB, Sim SM, Deyama T, Nishibe S. Vascular effects of Siberian ginseng (Eleutherococcus senticosus): endothelium-dependent NO- and EDHF-mediated relaxation depending on vessel size. Naunyn Schmiedebergs Arch Pharmacol. 2004 May;369(5):473-80. Epub 2004 Apr 17.

2. Jacquet, Grolleau, Jove, Lassalle, Moore. Burnout: evaluation of the efficacy and tolerability of TARGET 1® for professional fatigue syndrome (burnout). J Int Med Res. 2015 Feb;43(1):54-66. doi: 10.1177/0300060514558324. Epub 2014 Dec 23.

3. Minkel JD, Banks S, Htaik O, Moreta MC, Jones CW, McGlinchey EL, Simpson NS, Dinges DF. “Sleep deprivation and stressors: Evidence for elevated negative affect in response to mild stressors when sleep deprived”. Emotion. 2012 Feb 6.

4. Kamphuis J, Meerlo P, Koolhaas JM, Lancel M. “Poor sleep as a potential causal factor in aggression and violence”. Sleep Med. 2012Apr;13(4):327-34.

5. Akhondzadeh S, Naghavi HR, Vazirian M, Shayeganpour A, Rashidi H, Khani M, Passionflower in the treatment of generalized anxiety: a pilot double-blind randomized controlled trial with oxazepam. J Clin Pharm Ther. 2001 Oct;26(5):363-7.

6. Nagaraja AS, Armaiz-Pena GN, Lutgendorf SK, Sood AK. Why stress is BAD for cancer patients. J Clin Invest. 2013 Feb 1;123(2):558-60.

7. Steptoe A, Kivimäki M. Stress and cardiovascular disease: an update on current knowledge. Annu Rev Public Health. 2013;34:337-54

8. Mahbub-E-Sobhani, Haque N, Salma U, Ahmed A. Immune modulation in response to stress and relaxation. Pak J Biol Sci. 2011 Mar 15;14(6):363-74.

9. https://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Etat-des-lieux-de-la-consommation-des-benzodiazepines-Point-d-Information

10 Sophie Billioti, et al., Benzodiazepine use and risk of Alzheimer’s disease: case-control study, BMJ, September 2014.

11. ANSM, Etat des lieux de la consommation des benzodiazepines en France, Janvier 2012

12. Kripke DF. Hypnotic drug risks of mortality, infection, depression, and cancer: but lack of benefit [version 1; referees: 2 approved]. F1000Research 2016, 5:918.