Chère lectrice, cher lecteur,

« La maladie de Parkinson est la deuxième maladie neuro-dégénérative la plus répandue dans le monde après la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui en France, plus de 150 000 personnes souffrent de la maladie de Parkinson, et l’on compte près de 8000 nouveaux cas par ans ».

Voici le genre d’informations qu’on lit généralement en préambule des articles consacrés à Parkinson.

Des statistiques, des perspectives, des faits…une vérité froide qui donne le sentiment que la dimension humaine de la maladie de Parkinson est un peu laissée de côté.

Et pourtant…

Il faut avoir personnellement connu un malade pour comprendre que Parkinson a quelque chose de vraiment tragique, maladie cruelle qui confronte un esprit encore vif à la détresse « d’habiter » un corps qui chaque jour, lui échappe un peu plus.

Parkinson est une maladie lourde, dont on comprend mal les causes et le mécanisme. Et dont il faut le dire tout net, on ne guérit pas.

Cela veut-il dire qu’il n’y a rien à faire ? Non.

Mais il faut agir…du bon côté !

Un médicament d’origine naturelle

Ce que l’on sait, c’est que la maladie de Parkinson se caractérise par la destruction d’un type particulier de neurones, ceux qui fabriquent la dopamine, dans une structure située à la base du cerveau, le locus niger (également appelée substance noire) [1]

La dopamine est un neurotransmetteur indispensable au contrôle de l’humeur, mais surtout des mouvements.

Lorsque la production ou même la circulation de la dopamine est diminuée, de nombreux troubles moteurs apparaissent : d’abord les tremblements.

Puis les mouvements se ralentissent, vous traînez des pieds, vos membres se raidissent, vous vous mettez à perdre l’équilibre et vous peinez à articuler les mots.

Face à cette situation, la médecine officielle utilise des médicaments qui vont avoir pour mission de se substituer à la dopamine dans le cerveau, soit en imitant son action au niveau des récepteurs, soit en stimulant la production de dopamine.

C’est notamment le cas de la L-dopa, un médicament synthétisé à partir d’une substance naturelle, un acide aminé qu’on a isolé pour la première fois en 1913 dans la féverole, une légumineuse.

Le problème de la L-Dopa est que ses effets, qui sont réels au départ, finissent par disparaître au bout de quelques années.

Causes de la maladie de Parkinson

Au niveau des causes de la maladie, la recherche scientifique tâtonne autour de différentes hypothèses, au rang des lesquelles on trouve en premier lieu la génétique – risque accru pour les personnes ayant un parent au premier degré atteint par la maladie de Parkinson.

Une autre hypothèse avancée serait l’exposition aux pesticides et herbicides, avec une occurrence accrue de la maladie chez les agriculteurs, pour lesquels les autorités ont d’ailleurs parlé de « maladie professionnelle ».

Au sujet des agriculteurs, une étude a remarqué que ceux qui consomment le plus de graisses polyinsaturées (en particulier de la famille des oméga-3 : lin, colza, noix) sont moins affectés par la maladie [2].

A l’inverse, un régime riche en laitages est associé à un risque accru de Parkinson.

Voilà pourquoi on conseille, en prévention de Parkinson, de manger bio, d’éviter les aliments industriels, l’eau du robinet (chargée en polluants), les laitages entiers (leurs graisses stockent les pesticides) et encore des substances comme le tétrachlorure de carbone, le trochloroéthylène et le perchloroéthylène, qu’on trouve dans les produits de nettoyage à sec, peintures, adhésifs.

Par ailleurs, c’est un régime alimentaire, le régime cétogène, riche en graisses et pauvre en glucides, qui est souvent évoqué pour améliorer le fonctionnement des cellules cérébrales et protéger les neurones [3].

Zoom sur le régime cétogène

Le corps humain a en effet la capacité de fonctionner normalement en l’absence totale de glucides dans l’alimentation.

L’énergie est alors produite en utilisant les graisses corporelles et les graisses alimentaires. Conséquence, le carburant qui en découle n’est plus du sucre, mais des « corps cétoniques », une substance dérivée des graisses. Les corps cétoniques sont avec le glucose la seule autre substance qui peut être utilisée par notre cerveau, notre coeur et nos muscles, pour fonctionner.

Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont réussi grâce à ce mode métabolique à survivre et à prospérer même dans les endroits où fruits, baies et tubercules (glucides) n’étaient pas disponibles toute l’année, en particuliers les zones nordiques les plus froides.

Le régime cétogène est donc à l’origine de certaines des plus grandes conquêtes humaines, en particulier l’installation de populations dans les zones où la vie avait le moins de chance de se développer.

Fonctionnement du régime cétogène
Après 2 ou 3 jours de régime cétogène, le cerveau tire facilement 25 à 30 % de son énergie à partir des corps cétoniques, et 70 % après 3 semaines de régime. C’est un régime que l’on utilise également pour traiter les malades d’épilepsie, maladie neurologique qui se caractérise par des crises accompagnées de convulsion, secousses, pertes de conscience, etc. Au bout de ces trois semaines de régime cétogène, on peut constater une disparition des crises.

Aujourd’hui on peine à comprendre ce phénomène, même si les chercheurs situent l’explication au niveau de la mitochondrie des cellules nerveuses, l’endroit de la cellule où se fabrique l’énergie nécessaire à toutes les réactions biochimiques.

Ils ont en effet montré que le fait d’alimenter la mitochondrie avec des corps cétoniques exerçait de profonds effets protecteurs sur les neurones [4] :

« Les corps cétoniques élèvent les niveaux d’ATP, la molécule qui transporte l’énergie dans chaque partie de la cellule, ils réduisent la formation de radicaux libres et ils stimulent la régénération des mitochondries [5]. »

« En plus, le niveau de GABA, un neurotransmetteur calmant, s’élève tandis que celui du glutamate, un excitant diminue [6], ce qui permet d’atténuer l’hyperexcitabilité des neurones, une des causes des maladies neuro-dégénératives. »

Il faut cependant reconnaître que la mise en œuvre du régime est particulièrement exigeante, en particulier dans sa phase de démarrage.

En général, il faut atteindre une consommation maximum de seulement 20 à 50 gr de glucides [7] par jour pour permettre de maintenir un état de cétose.

On compense la réduction des glucides par l’ajout de lipides à tous les repas : graisses animales (beurre, viande grasse, etc.) huiles végétales riches en omega 3 (lin, noix, colza) et de l’huile d’olive.

L’huile de noix de coco est une base de l’alimentation cétogène car ses acides gras à chaîne moyenne produisent naturellement beaucoup de corps cétoniques [8].

35 gr d’huile de coco permettent d’obtenir facilement 20 gr de corps cétoniques.

Pour habituer les intestins – l’huile de coco pouvant entraîner des diarrhées – on peut commencer par une cuillère à café et augmenter progressivement.  Ne pas oublier que l’huile de coco manque d’acides gras essentiels oméga-6 et oméga-3 et qu’il faut les trouver ailleurs, par exemple dans l’huile de colza (en assaisonnement), les noix.

A défaut d’adopter un régime cétogène stricto sensu, pour prévenir la maladie de Parkinson, il faut veiller à consommer le plus régulièrement possible :

  • des graisses polyinsaturées, en particulier de la famille des oméga-3 [9]: lin, colza, noix, cameline…
  • des fruits rouges riches en flavonoïdes [10]: fraise, myrtille, framboise, canneberge…
  • La cannelle de Ceylan [11] (des chercheurs ont découvert dans une étude de 2014 – sur des souris – que la cannelle pourrait inverser les effets de la maladie de Parkinson dans le cerveau, donc potentiellement, la guérir), mais aussi le poivron et les solanacées (tomate, aubergine, pomme de terre) pour ceux qui supportent ces aliments.
  • Du café à raison de 2 à 3 tasses par jour [12].
  • Du thé vert [13].

Certains compléments alimentaires sont également recommandés.

  • Le glutathion : il s’agit de l’antioxydant intracellulaire le plus important de l’organisme. Il joue un rôle majeur pour défendre l’organisme contre les polluants et dans le cerveau.

Sa diminution semble être associée à une progression de la maladie de Parkinson [14].

Le gluthation se fabrique dans les cellules à partir notamment d’un acide aminé présent dans les protéines, la cystéine, mais qui est souvent déficitaire car difficile à métaboliser par l’organisme.

Pour renforcer efficacement la présence du glutathion, on recommande d’ajouter un complément alimentaire de ce précurseur : la N- Acetyl-cystéine (NAC), à des doses qui varient de 200 à 1500 mg / jour.

  • La vitamine D3, à une dose de 4000 UI par jour. Une étude en double-aveugle réalisée au Japon en 2013 a montré qu’une supplémentation en vitamine D permettait de ralentir la progression de la maladie de Parkinson [15].
  • Du coenzyme Q10 (300 à 1200 mg/jour), qui aide au bon fonctionnement des cellules.

L’indispensable contre Parkinson

Mais il y a aussi autre chose que vous pouvez faire, et qui réclame là encore un certain effort. De la musculation, et des exercices dits « à haute intensité », qui ont montré une efficacité réelle pour ralentir la progression de la maladie de Parkinson.

En pratique, il faut faire 30 minutes par jour une activité physique à moyenne ou haute densité avec un travail plus intense sur les jambes.

Le moyen le plus souvent utilisé de parvenir efficacement à ce niveau de stimulation est d’effectuer des exercices en salle de musculation avec charge additionnelle [16].

Dans une étude, des patients qui ont soulevé des charges lourdes deux à trois fois par semaine sur une période de plusieurs mois, ont vu une diminution « forte et durable » de leurs symptômes [17].

Les vertus du Pub irlandais contre Parkinson !

Pour ceux qui ne sont plus en capacité de s’attaquer à des charges lourdes, il reste alors une possibilité assez surprenante : la danse !

C’est un neurologue italien, attablé dans un pub irlandais Irlande, qui le premier a osé cette curieuse hypothèse en observant un malade de Parkinson danser comme un diable, sans la moindre difficulté ni aucun déséquilibre.

De retour à son laboratoire, le médecin a voulu vérifier qu’il n’avait pas descendu une pinte de trop…

Il a réalisé une étude sur 24 personnes, qui a conclu que la danse irlandaise était effectivement plus efficace que les exercices physiques habituels, et permettaient une meilleure stabilité dans les mouvements au quotidien [18] !

Plus récemment, ce sont des chercheurs de l’Université de McGill, au Canada qui ont fait danser le Tango à des patients atteints de Parkinson pendant 12 semaines… et ils ont constaté une forte amélioration de leur équilibre et de leur mobilité, comparé à une activité physique standard [19] !

Et le plus beau, c’est que la danse est une activité amusante, qui donne la motivation pour s’y mettre…et qui se pratique en groupe, avec des effets positifs pour le moral, la joie de vivre… et la santé.

Si vous avez Parkinson, dansez.

Si vous avez peur de Parkinson, dansez.

Et même si vous êtes en parfaite santé, dansez, tournez, virevoltez ! Car la danse est une poésie de gestes, qui nous ouvre à nous-même, à l’autre, nous libère et nous protège.

Elle nous protège de Parkinson. Mais aussi d’Alzheimer, du diabète, de l’obésité, de la dépression ou des troubles cardiaques.

Cela vous tente d’essayer ?

Il suffit d’une courte rechercher sur internet pour trouver un cours, même pour débutant.

Dans de nombreuses villes, des psychologues et des médecins proposent de la « danse-thérapie » [20].

Et si la vitesse du mouvement ne vous plaît pas, vous pouvez encore vous tourner vers l’acupuncture ou le Tai-Chi, deux thérapies qui ont également montré de bons résultats contre Parkinson.

Santé !

Gabriel Combris

Sources :

[1] https://www.futura-sciences.com/sante/definitions/cerveau-substance-noire-16724/

[2] Kamel F, Goldman SM, Umbach DM, Chen H, Richardson G, Barber MR, Meng C, Marras C, Korell M, Kasten M, Hoppin JA, Comyns K, Chade A, Blair A, Bhudhikanok GS, Webster Ross G, William Langston J, Sandler DP, Tanner CM. Dietary fat intake, pesticide use, and Parkinson’s disease. Parkinsonism Relat Disord. 2013 Oct 1. pii: S1353-8020(13)00353-2.

[3] Vanitallie TB, Nonas C, Di Rocco A, Boyar K, Hyams K, Heymsfield SB. Treatment of parkinson disease with diet-induced hyperketonemia: a feasibility study. Neurology 2005; 64: 728–730.

[4] Kim do, Y., Davis, L. M., Sullivan, P. G., Maalouf, M. Simeone, T. A., vanBrederode, J., and Rho, J. M. (2007). Ketone bodies are protective against oxidative stress in neocortical neurons. J. Neurochem. 101, 1316–1326.

[5] Maalouf, M., Rho, J. M., and Mattson, M. P. (2009). The neuroprotective properties of calorie restriction, the ketogenic diet, and ketone bodies. Brain Res. Rev. 59, 293–315.

[6] Daikhin Y, Yudkoff M., “Ketone bodies and brain glutamate and GABA metabolism.” Dev Neurosci. 1998;20(4-5):358-64.,

[7] Sumithran P, Proietto J. Ketogenic diets for weight loss: a review of their principles, safety and efficacy. Obesity research and clinical practice. 2008;2:1-13

[8] Combinations of medium chain triglycerides and therapeutic agents for the treatment and prevention of Alzheimer’s disease and other diseases resulting from reduced neuronal metabolism,” United States Patent 2008/0009467, Inventor Samuel T. Henderson, Accera, Inc., Broomfield, Colorado (Ketasyn).

[9] Kamel F, Goldman SM, Umbach DM, Chen H, Richardson G, Barber MR, Meng C, Marras C, Korell M, Kasten M, Hoppin JA, Comyns K, Chade A, Blair A, Bhudhikanok GS, Webster Ross G, William Langston J, Sandler DP, Tanner CM. Dietary fat intake, pesticide use, and Parkinson’s disease. Parkinsonism Relat Disord. 2013 Oct 1. pii: S1353-8020(13)00353-2.

[10] Khasnavis S, Pahan K. Cinnamon Treatment Upregulates Neuroprotective Proteins Parkin and DJ-1 and Protects Dopaminergic Neurons in a Mouse Model of Parkinson’s Disease. J Neuroimmune Pharmacol. 2014 Jun 20

[11] Xiang Gao, Carlos Singer; American Academy of Neurology’s 63rd Annual Meeting, Honolulu, April 9 to April 16, 2011

[12] Postuma RB, Lang AE, Munhoz RP, Charland K, Pelletier A, Moscovich M, Filla L, Zanatta D, Romenets SR, Altman R, Chuang R, Shah B. Caffeine for treatment of Parkinson disease: A randomized controlled trial. Neurology. 2012 Aug 1

[13] Shuhong Guo, J. Yan, T. Yang, X. Yang, E. Bezard and B. Zhao, “Protective Effects of Green Tea Polyphenols in the 6-OHDA Rat Model of Parkinson’s Disease Through Inhibition of ROS-NO Pathway” Biological Psychiatry, 15 December 2007, Volume 62, Issue 12, Pages 1353-1362

[14] Jenner P et al. oxidative stress as a cause of nigral cell death in ¨Parkinson’s disease and incidental lewy body disease, 1992; 32 Suppl:S82-7

[15] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23485413

[16] Frazzitta G, Maestri R, Bertotti G, Riboldazzi G, Boveri N, Perini M, Uccellini D, Turla M, Comi C, Pezzoli G, Ghilardi MF – Intensive rehabilitation treatment in early Parkinson’s disease: a randomized pilot study with a 2-year follow-up – Neurorehabil Neural Repair. 2015 Feb;29(2):123-31. doi: 10.1177/1545968314542981. Epub 2014 Jul 18

[17] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/25038064

[18] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23731986

[19] http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0965229915000291

[20] http://www.passeportsante.net/fr/Therapies/Guide/Fiche.aspx?doc=danse_therapie_th