Chère lectrice, cher lecteur,
Si vous avez un peu de temps devant vous, je vous conseille la lecture de l’Histoire Naturelle de Pline l’Ancien, où il vous propose, en 37 volumes, les éléments de culture générale indispensables à tout esprit romain cultivé…
Pour aujourd’hui, je suggère de nous contenter d’un court extrait, avec un trésor thérapeutique que Pline adorait : l’encens.
Il faut savoir que s’il existe plusieurs « arbres à encens », Boswellia serrata (en Inde et au Pakistan), Boswellia frereani (au nord de la Somalie), Boswellia carterii (en Somalie, Ethiopie, Yémen et Oman)…
…Tous produisent l’oléorésine, substance dont la récolte se fait par incision de l’écorce :
« La première vendange, celle qui est naturelle, se prépare vers le lever de la Canicule, au moment des chaleurs les plus ardentes ».
« On pratique des incisions là où l’écorce parait le plus gorgée, là où elle est le plus mince et la plus tendue. On dilate la plaie, mais sans rien enlever. Il en jaillit une écume onctueuse, qui s’épaissit et se coagule ; on la reçoit sur des nattes de palmier quand la nature du lieu l’exige, autrement sur une aire battue alentour. »
« L’encens est plus pur de la première façon, plus pesant de la seconde. On fait tomber avec un instrument de fer ce qui est resté attaché à l’arbre ; aussi cette portion est-elle mélangée de fragments d’écorce. »(1)
Telle est aujourd’hui encore la manière dont on récolte l’encens (et la myrrhe ou les autres « gommes »).
Bien sûr, on y verra une puissance symbolique : baume réparateur qui viendrait cicatriser les plaies de l’arbre, l’encens est réputé aujourd’hui pour ses propriétés anti-inflammatoires, cicatrisantes ou encore purifiantes, pour l’esprit, mais également pour les plaies puisqu’on dit que l’encens est antiseptique, antiviral, désinfectant…
Mais la science a aussi son mot à dire !
B. serrata et B. carterii : les deux contiennent CETTE molécule essentielle (qui agit contre l’arthrose !)
D’un point de vue scientifique, en effet, l’un des éléments thérapeutiques clés de l’encens est l’acide boswellique.
C’est pour cette raison que sur certains flacons de compléments de Boswellia figure la mention « titré à 65% en acide boswellique » : c’est cette molécule qui catalyse bon nombre des bienfaits de la résine.
L’effet anti-inflammatoire de l’acide boswellique est dû au mécanisme suivant (2) :
- L’acide acétyl-11-kéto-béta boswellique inhibe l’enzyme 5-lipoxygénase.
- De ce fait, il diminue la production de leucotriènes, molécules impliquées dans le processus inflammatoire, et notamment responsable du gonflement des articulations.
C’est pour cette raison que l’on va utiliser et préconiser l’encens en cas d’inflammation articulaire, d’inflammation bronco-pulmonaire (asthme…) et aussi en cas d’inflammation intestinale notamment avec les maladies telles que la colite chronique(3) et ulcéreuse(4) ou la maladie de Crohn(5).
Ou de manière générale pour protéger de l’imperméabilité intestinale, comme le suggère une étude publiée en 2015 dans la revue PLoS ONE(6).
Par ailleurs, cette utilisation anti-inflammatoire ne date pas d’hier puisqu’on en retrouve la trace dans les textes ayurvédiques traditionnels.
On peut y lire que la résine de Boswellia était préconisée pour la diarrhée, la dysenterie, les maux de gorge, les bronchites, la toux…(7)
+ 2 autres utilisations inédites (la Recherche mène l’enquête)
La résine de Boswellia pourrait aussi agir sur les troubles du système nerveux central : la maladie de Parkinson, la maladie d’Alzheimer, les déficiences cognitives.
Une étude réalisée en 2017 montre que l’acide boswellique jouerait un rôle neuroprotecteur en cas de déficiences cognitives chez le rat(8).
L’un des effets notables d’un traitement continu avec des extraits de boswellia serrata est notamment le développement de l’arborescence neurologique au niveau de l’hippocampe, notamment dans la région du gyrus denté.
Or cette zone cérébrale impliquée dans la mémoire, l’orientation et le déplacement spatial est particulièrement sensible aux altérations dues à l’âge : les connections neuronales et la plasticité neurologique de cette zone s’amenuisent avec le temps et engendrent des troubles cognitifs.
Les rats traités avec de l’extrait aqueux de Boswellia serrata (à raison de 100mg par kg et par jour pendant 8 semaines)(9), ont vu leur réseau de neurones, notamment leurs ramifications (les dendrites), se complexifier et se densifier.
Ce que confirment des études cliniques conduites par des chercheurs iraniens en 2018 auprès de 70 adultes.
Selon les résultats de leur étude, le mélange de Boswellia serrata et de Mélisse officinale (à raison de 290mg et 27mg pendant 1 moins) améliore la mémoire, notamment la mémoire auditive immédiate, la mémoire visuelle immédiate, la mémoire du travail et la mémoire immédiate(10).
Les études montrent que la résine de Boswellia ou l’huile essentielle d’encens pourraient être utile en cas de cancer.
Entre autres parce que les extraits purs d’oléorésine de Boswellia serrata ou certains de ses composants étudiés individuellement, déclenchent le processus d’apoptose des cellules malignes notamment en cas du cancer du cerveau, du côlon, du foie, de leucémies…(11)
3 méthodes pour consommer l’encens
Si vous souffrez d’inflammation (articulaire, intestinale…) vous pouvez prendre 2 gélules de boswellia matin et soir, pendant trois semaines. La rapidité de l’efficacité dépendra de l’ancienneté de votre trouble.
Pour l’huile essentielle, on peut réaliser un mélange à appliquer sur les zones où se présentent des affections de la peau, ou sur le plexus solaire si l’on veut se concentrer, se connecter, pendant une méditation, une prière…
Car en effet, l’encens est également un allié pour aider à la spiritualité ou favoriser l’ouverture d’esprit. Ce qui, comme chacun sait, n’est pas une fracture du crâne.
Mélanger 10% d’huile essentielle de boswellia carterii et 90% d’huile végétale de nigelle, de noyaux d’abricot ou une crème à base de propolis.
Et comme disait Pline l’Ancien, qui n’a décidément pas pris une ride : « tous les animaux connaissent ce qui leur est nécessaire, excepté l’homme ».
Santé !
Gabriel Combris
Sources :
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2820810/f7.item.r=encens.texteImage.zoom
- Ali Ridha Mustafa Al-Yasiry, Bożena Kiczorowska, « Frankincense – therapeutic properties », Postepy Hig Med Dosw (online), 2016; tom 70: 380-391, DOI: 10.5604/17322693.1200553
- Gupta I1, Parihar A, Malhotra P, Gupta S, Lüdtke R, Safayhi H, Ammon HP. Effects of gum resin of Boswellia serrata in patients with chronic colitis. Planta Med. 2001 Jul;67(5):391-5.
- Gupta I1, Parihar A, Malhotra P, Singh GB, Lüdtke R, Safayhi H, Ammon HP. Effects of Boswellia serrata gum resin in patients with ulcerative colitis. Eur J Med Res. 1997 Jan;2(1):37-43.
- Gerhardt H1, Seifert F, Buvari P, Vogelsang H, Repges R. [Therapy of active Crohn disease with Boswellia serrata extract H 15]. Z Gastroenterol. 2001 Jan;39(1):11-7.
- Daniela Catanzaro, Serena Rancan, Genny Orso, et al. « Boswellia serrata Preserves Intestinal Epithelial Barrier from Oxidative and Inflammatory Damage » PLoS ONE, 2015, https://doi.org/10.1371/journal.pone.0125375
- M. Z. Siddiqui, « Boswellia Serrata, A Potential Antiinflammatory Agent: An Overview », Indian J Pharm Sci. 2011 May-Jun; 73(3): 255–261. doi: 10.4103/0250-474X.93507
- Ebrahimpour, S.; Fazeli, M.; Mehri, S.; Taherianfard, M.; Hosseinzadeh, H. Boswellic Acid Improves Cognitive Function in a Rat Model Through Its Antioxidant Activity: – Neuroprotective effect of Boswellic acid. J. Pharmacopunct. 2017, 20, 10–17.
- Hosseini-Sharifabad M, Kamali-Ardakani R, Hosseini-Sharifabad A. Beneficial effect of Boswellia serrata gum resin on spatial learning and the dendritic tree of dentate gyrus granule cells in aged rats. Avicenna J Phytomed. 2016 Mar-Apr;6(2):189-97. PMID: 27222832; PMCID: PMC4877965.
- Mohsen Taghizadeh, Farzaneh Maghaminejad, Mohammad Aghajanic Malihe Rahmanie Mohaddesemahboubif, «The effect of tablet containing Boswellia serrata and Melisa officinalis extract on older adults’ memory: A randomized controlled trial », Archives of Gerontology and Geriatrics, Volume 75, March–April 2018, Pages 146-150, https://doi.org/10.1016/j.archger.2017.12.008
- Nand Kishor Roy, Dey Parama, Kishore Banik, et al., « An Update on Pharmacological Potential of Boswellic Acids against Chronic Diseases », Int. J. Mol. Sci. 2019, 20(17), 4101; https://doi.org/10.3390/ijms20174101.