Chers lecteurs,
Le 2 décembre sur RTL, le docteur Jimmy Mohamed tenait son habituelle chronique santé.
Et cette fois, il y est « allé franco » contre un nouveau médicament arrivé sur le marché : le NurofenFem, dont la boîte ressemble comme deux gouttes d’eau au célèbre Nurofen Flash.
Mais cette fois-ci, avec du rose en bas car il est inscrit qu’on « peut l’utiliser en cas de douleur de règles ».
Vous avez compris la technique : même molécule, même posologie, même nombre de comprimés par boîte, rien ne différencie ces deux médicaments sauf une chose : leur prix. Le dr. Mohamed a fait le test, et d’après lui ce NurofenFem est vendu plus cher, 7,90 euros, alors que le Nurofen Flash ne coûte « que » 6,90 euros. 1 euro de plus pour avoir du rose.
En l’écoutant, j’étais plutôt d’accord avec lui. Il s’agit d’une astuce bas de plafond pour cibler les femmes et leur faire croire que ce médicament est plus adapté pour elles que le Nurofen classique..
Et puis…j’ai réfléchi…et je me suis demandé si nous n’étions pas, avec cette histoire anecdotique, au cœur d’un problème beaucoup plus compliqué…sur le nœud même de la relation entre guérison…et placebo…
Si le dr Mohamed lit cette lettre, je serais content d’avoir son avis. En attendant, je voudrais bien le vôtre. Car voici mon hypothèse…
Le placebo, c’est pour de VRAI !
Placebo en latin signifie : « je plairai ».
D’après le chercheur Michel Le Van Quyen, de l’Institut du Cerveau de la Pitié-Salpêtrière à Paris, la première définition de l’effet placebo remonte à 1811, dans un dictionnaire médical anglais qui écrivait, cinglant :
On comprend bien, dans cette définition que le placebo est fondamentalement synonyme de flatterie, voire de tromperie, une démarche où le patient guérit pour de « mauvaises raisons ».
Cette connotation péjorative, voire méprisante, s’explique sans doute pour notre chercheur, par « le fait que les médecins tendent à douter de la réalité de l’effet placebo, car admettre son importance met en danger leur image et leur pouvoir… »
Eh oui…contrairement à ce que veulent faire croire ses détracteurs, le placebo n’est pas du tout un simple effet psychologique.
Je te donne l’ordre de guérir
Le placebo agit comme un signal pour donner au corps l’ordre de se guérir, en déclenchant pour de vrai la fabrication de certaines substances :
• Antibiotiques, par exemple, via notre système immunitaire.
• Antidouleur, via les endorphines que nous fabriquons dans notre cerveau et qui fonctionnent comme la morphine, sans les effets secondaires.
Dans une étude, des chercheurs de l’Université de Californie ont donné des placebos à 40 patients à qui l’on venait d’enlever les dents de sagesse1.
Les patients, convaincus d’avoir reçu un « vrai » médicament témoignèrent d’une amélioration réelle. Mais les chercheurs leur donnèrent ensuite un antidote à la morphine, appelé naloxone, qui bloque l’action des endorphines. Et alors les patients ressentirent à nouveau la douleur ! Cela démontrait qu’en prenant le placebo, les patients avaient créé leurs propres endorphines !!!
• Antidépresseurs, avec l’augmentation significative de l’activité dans le cortex préfrontal, un endroit du cerveau où les patients déprimés connaissent généralement une faible activité !
• Etc.
Nous parlons bien de production concrète de substances qui vont agir de façon positive. Et c’est donc bien qu’il se passe quelque chose.
L’imagerie cérébrale a permis de définir précisément ce « quelque chose »…
L’effet placebo fonctionne mieux chez ceux qui…
Une étude suédoise de 2002 sur des personnes légèrement soumises à de légères brûlures de la peau, a montré que les zones cérébrales impliquées dans le soulagement de la douleur étaient les mêmes chez les patients ayant reçu de la morphine que ceux qui avaient reçu un placebo.
Et les chercheurs ont pu établir précisément que le placebo activait une région du cerveau appelée le cortex cingulaire intérieur, associé à la composante émotionnelle de la douleur, qui signale le désagrément ressenti (« cette douleur m’agace, m’épuise, je n’en peux plus »).
De plus, durant un traitement par placebo, une libération de dopamine (neurotransmetteur du plaisir et de la récompense) a aussi été démontrée, ce qui montre que l’effet placebo est effectivement associé à l’attente d’une récompense – en l’occurrence, un soulagement de la douleur.
Mais il est vrai aussi que le placebo ne fonctionne pas à l’identique chez tout le monde.
« L’effet placebo se constate invariablement chez environ 30 % des patients » note Michel Le Van Qyen, toutes pathologies confondues, avec toutefois de fortes variations en fonction de l’affection, allant de 10 % à 60-70 % ponctuellement pour les migraines et la dépression, et jusqu’à 90 % pour l’arthrite.3»
Le Pr Kaptchuk, spécialiste de biologie moléculaire de l’Université de Harvard, a cherché à savoir qui étaient les patients qui répondaient le mieux au placebo.
Et parmi les raisons qui expliquaient la plus grande sensibilité au placebo figurait une plus grande attention portée par le patient aux signaux émis par son corps.
Nous touchons là l’essentiel.
L’écoute de son corps, la connaissance de soi.
Et bien sûr, de son environnement de soin.
Rôle indispensable du médecin qui CROIT
Comme pour un « vrai » médicament, l’intensité de l’effet placebo dépend de la dose donnée, de la méthode d’administration : l’injection est plus efficace que la gélule, qui fonctionne mieux qu’une simple potion.
L’aspect du placebo aussi joue un rôle essentiel : « la couleur blanche est préconisée dans le traitement de la douleur, alors que le rouge fonctionne comme stimulant et la gélule bleue constitue un bon remède apaisant ». Et le rose, dans tout ça ? Qui sait s’il n’a pas un rôle à part ?
Mais l’effet placebo est plus fascinant encore, et rappelle à quel point l’homme est un « animal social », dont la force repose sur…autrui.
La propre foi du médecin dans l’efficacité du traitement est ainsi déterminante.
Michel le Van Qyen détaille dans son livre « Les pouvoirs de l’esprit » une expérience passionnante sur l’importance des croyances du soignant :
« Le docteur Steewart Wolf traitait depuis des années un patient asthmatique en proie à des crises quasi permanentes. Le médecin demanda à un laboratoire de lui fournir un nouveau médicament, réputé particulièrement efficace ».
« Il le fit prendre à son patient, dont l’état s’améliora rapidement. »
« Suspectant un effet purement « psychologique », le médecin commanda au laboratoire un placebo de ce médicament, bientôt donné au patient, à son insu : rechute immédiate. »
Le médecin répéta plusieurs fois l’expérience, toujours avec le même résultat. Verdit clair pour le dr. Wolf, qui fut convaincu de l’efficacité du médicament, ayant largement démontré sa supériorité sur le placebo…
Seulement il y avait un hic : le laboratoire l’informa que depuis le début, le patient n’avait reçu QUE du placebo !!!
C’est le thérapeute lui-même, avec sa propre conviction de l’efficacité du « faux médicament », qui avait influencé l’état du malade !!
Les mots qui soignent les maux
Et là encore, d’autres expériences ont montré que les mots choisis par les soignants dans leur dialogue avec leurs patients avaient une importance essentielle sur l’issue des soins.
Le Dr. Elvira Lang, à la tête d’une équipe de radiologie à l’hôpital de Boston, a observé que les petites phrases dites par les soignants pour rassurer le patient (comme « N’ayez pas peur », « Vous n’allez pas avoir mal », ou « ce n’est pas grave ») avaient en pratique, un effet contraire avec une augmentation des scores de la douleur et de l’anxiété.4
Comme si le cerveau n’entendait pas la négation, et ne retenait que les mots anxiogènes : « peur », « mal », « grave »…
Dans une autre étude sur les femmes enceintes recevant une péridurale5, certaines étaient préparées avec un avertissement d’une tonalité négative : « vous allez ressentir comme une piqure d’abeille, c’est la partie désagréable de la procédure »…
…alors qu’un autre groupe recevait cette explication : « nous allons vous donner un anesthésique local qui vous engourdira, pour que vous vous sentiez bien pendant la procédure ».
L’étude a conclu à une réduction de douleur de 20 % avec l’usage de mots encourageants.
A notre époque qui espère son salut par la technologie, il n’est pas inutile de rappeler que la médecine demeure une discipline fondamentalement…humaine.
Qu’on soigne parfois en prenant le temps d’écouter, avec une simple caresse, un regard bienveillant, ou un tout petit mot qui redonne courage.
Vous en dites quoi, dites le moi en commentaire ?
Santé !
Gabriel Combris
Sources :
[1] Levine, Jon.D., GORDON, Newton C. et Howard L.FIELDS. « The mechanism of placebo analgesia », Lancet, vol.2, no8091, 1978, p.654-657.
[2] Leuchter, Cook, Witte et al. « Changes in brain function of depressed subjects during treatment with placebo », American Journal of Psychiatry, vol 159, no 1, 2002, p.122-129.
[3] Michel Le Van Qyen, les pouvoirs de l’esprit, Flammarion.
[4] Elvira V. Lang, Olga Hatsiopoulou, Timo Koch, Kevin Berbaum, Susan Lutgendorf, Eva Kettenmann, Henrietta Logan, Ted J. Kaptchuk
Can words hurt ? Patient-provider interactions during invasive procedures
Pain, 2005, n°114, pages 303-309
J’ai un médecin généraliste qui prend le temps qui pose beaucoup de questions et qui est bienveillant, cela m’aide beaucoup d’autant plus que j’ai très peur du monde médical.
Bonjour, Je suis convaincu que des dispositions mentales positives peuvent améliorer significativement, voire guérir dans certains cas, des pathologies de nature bénignes ou plus graves. Mais pour cela, il faut d’abord prendre le temps de se tourner vers soi-même afin de tenter de mieux se connaitre, d’identifier nos points faibles et nos points forts.
Mais dans nos sociétés actuelles, “Prendre le temps de ..” est ressenti comme une quête inaccessible alors que nous trouvons le temps à consommer n’importe quoi.
Des thérapies mentales telles que la sophrologie, le yoga sont des méthodes qui permettent de se recentrer sur son corps et de faire un pas de côté face aux miroirs aux alouettes qui nous sont vendus par le Big pharma.
je suis entièrement en accord avec ce principe
Comme quoi, l’humanisation de la médecine, des hôpitaux,…, est très important.
l’apaisement par les mots et la bienveillance sont les garanties de la guérison. Le remède éventuel agit ensuite .Un enfant tombe et s ‘écorche le genou, que faisons d abord: on le prend dans ses bras et on lui parle d’autre chose ou parfois on lui dit “bravo” en battant des mains avec mes 3 enfants et mes petits de l’école maternelle, c’était le remède miracle
C’est tellement vrai, la maladie, c’est aussi du mental. Si le malade ne se prend pas en mains, c’est plus difficile pour le médecin. Il y a nécessité d’une bonne collaboration entre les deux. Cela n’est qu’un point de vue, car chaque cas est différent vu que chaque être humain est unique.
Bien d’accord avec vous, car nombreux sont les cas de rémission de cancer qui ont été constatés, lorsque la personne était bien entourée et choyée par sa famille, lui permettant ainsi de garder un meilleur moral et de mieux se nourrir.
Il est vrai que si l’on est soigné avec HUMANITÉ et EXPLICATIONS (nous ne sommes pas idiots !!!) tout se passe beaucoup mieux !!!
Excellent, tout simplement.
Le placebo est un vrai médicament
Il a souvent plus d’effets si ce n’est autant qu’un vrai médicament
Il permet de diminuer la dose de molécules et épargne l’organisme notamment le foie
Tres bien ecrit…
Absolument d’accord ! il faut avoir “foi” en soi-même et dans les capacités du corps pour se guérir.
Des exemples abondent en ce sens, sans pourtant qu’il soit nécessaire de crier au miracle, enfin c’est juste mon avis 🙂
Bonjour, c’est bien gentil et c’est vrai que c’est tout de même bien plus agréable d’avoir un médecin qui vous écoute. Mais les mots ne suffisent pas toujours à guérir les maux, et du coup, quand je vois que l’on me donne des médocs basiques que j’aurais pu acheter moi-même en pharmacie, je me dis que j’aurais mieux fait d’éviter une consultation – du coup, je me contente de prendre de la phyto ou de l’homéo, pour ce que j’appelle de la “bobologie”. Mais je ne refuse pas d’y aller si je sens qu’il s’agit de quelque chose de plus grave – après tout, ils ont quand même fait sept ans d’études… Ceci dit, je reste méfiante quant à la prise en charge dans certains hôpitaux, surtout après ce dont j’ai été témoin de la part d’un de mes amis – et il y a vraiment des établissements où il faudrait pouvoir éviter d’aller! Mais ceci est un autre débat… Portez-vous bien et joyeuses fêtes! Cordialement, Brigitte MARTIN
Merci pour cette synthèse de recherches très intéressante. Comme quoi le cerveau a de grand pouvoir sur notre corps et inversement. C’est pourquoi tout médecin devrait avoir une formation en psychologie et communication pour utiliser mes bons mots avec les patients. On y gagnerait tous: médecin, comme patient et même la sécu !
Bonsoir M. Combris (même si c’est un pseudo). Votre article est très révélateur. Vous citez le Dr Jimmy Mohamed, espérant même avoir son opinion, alors que ce monsieur profère un nombre effarant de bêtises et d’informations “médicales” fausses sur les médias de toutes sortes depuis 4 ans. Il était aussi dès le début un fervent défenseur du vaccin C19 et des infâmes mesures prises par l’état. Comment pouvez-vous même seulement évoquer ce personnage, à l’encontre de l’essence tous vos écrits ? Est-ce une blague ? Cordialement. P. Lasbats.
Bonsoir M. Combris (même si c’est un pseudo). Votre article est très révélateur. Vous citez le Dr Jimmy Mohamed, espérant même avoir son opinion, alors que ce monsieur profère un nombre effarant de bêtises et d’informations “médicales” fausses sur les médias de toutes sortes depuis 4 ans. Il était aussi dès le début un fervent défenseur du vaccin C19 et des infâmes mesures prises par l’état. Comment pouvez-vous même seulement évoquer ce personnage, à l’encontre de l’essence tous vos écrits ? Est-ce une blague ? Cordialement. P. Lasbats
Bonjour, tout d’abord merci pour vos articles.
Entièrement d’accord, l’univers n’entend pas la négation.
Le pouvoir de l’intention et de bienveillance effectue une partie du résultat, les paroles positives participent à ré informer le cerveau et l’apaiser. L’expérience d’Emoto sur l’eau et le riz l’a prouvé !
Belle journée à vous tous
Bjr. Gabriel COMBRIS.
C’est toujours avec grande attention que je lis vos sujets. Hélas, je ne prends pas toujours le temps de m’y “instruire” alors que la SANTE me semble être l’essentiel pour tout un chacun. Sans un “entretien” permanent de notre santé (corps & esprit), que devenons-nous? Certes, le “capital” santé n’est pas le même pour tous (raison de plus pour s’y intéresser, y palier…?) Mais notre société de consommation à outrance où le profit mène tout quidam par la barbichette (car lobotomisé(s) par le système, l’IA au service des décideurs, au service des grands trusts qui régissent le monde) ce n’est pas par une information sérieuse qu’ils sont convaincus, mais par une sorte de “PLACEBO” -si vous permettez l’analogie- qui satisfait leurs bas appétits.
Quant à votre réflexion sur les “PLACEBO” médicamenteux : bravo! Je souscris.
Par ailleurs, je voudrais acheter le livre papier, en recevant -donc- vos newsletter électroniques et non papier et je ne comprends pas comment faire. Merci pour votre réponse.
Très beau texte….
Et j’ai appris quelque chose; “l’homme est un « animal social », dont la force repose sur…autrui. ”
Continuez